… peuvent désormais procéder à des enquêtes qui permettent de démanteler de véritables trafics internationaux. Des procédures sont en cours, je n'en dirai donc pas plus. Sachez cependant que certaines ont déjà permis de mettre fin à des trafics très lucratifs d'espèces particulièrement menacées.
Nous intervenons également en Afrique, pour les oiseaux notamment, dans le cadre de projets de coopération. Mais nous ne sommes pas l'Agence française de développement (AFD). Nous travaillons avec elle, et avec les gouvernements qui nous sollicitent, afin de fournir notre expertise et nos connaissances. Nous continuerons à le faire avec les pays avec lesquels nous avons déjà des relations, dans le cadre de conventions bilatérales ou multilatérales.
Le ministère de l'agriculture est une des tutelles de l'établissement. Si je suis nommé, en tant que directeur général, je respecterai bien évidemment cette nouvelle tutelle. Cette double tutelle doit être considérée comme une chance. J'ai la conviction que la transition agroécologique doit être une absolue priorité car l'agriculture a un impact sur la biodiversité – pollution ou artificialisation des sols, haies ou chemins ruraux. Tous les projets qui favorisent la transition agroécologique, comme Agrifaune ou Ecophyto, devront être davantage encouragés et soutenus. Il faudrait les démultiplier. Depuis le début de ma mission, je travaille avec le monde agricole, les chambres d'agriculture et les organisations professionnelles agricoles : la prise de conscience est croissante. Je sens que le monde agricole évolue fortement, tant au niveau national que local, puisque j'ai aussi rencontré des acteurs locaux. J'espère que le ministère de l'agriculture, en tant que tutelle, va accompagner et amplifier ce mouvement.
Monsieur Vincent Descoeur, vous m'interrogez sur le loup. L'ONCFS pilote le Plan national d'action sur le loup. Le sujet est extrêmement sensible et je me suis beaucoup impliqué récemment. Nous travaillons avec M. le préfet Pascal Mailhos, préfet coordonnateur des différents dispositifs relatifs au loup. Vous le savez, le seuil des tirs de défense a été réévalué. Des mesures de protection permettent également de préserver l'agropastoralisme qui est une priorité, notamment dans les départements très durement touchés comme le vôtre – j'ai également été saisi récemment par le département des Alpes-Maritimes. J'ai créé, dans l'organigramme de l'OFB, une direction des grands prédateurs au sein de la direction en charge de la mobilisation de la société. Il s'agit seulement des grands prédateurs terrestres, j'en suis désolé, monsieur Jean-Luc Poudroux !
J'ai été sollicité par le préfet de La Réunion et des élus concernant la problématique des requins. Je n'ai pas de réponse spécifique car l'OFB n'a pas encore traité le sujet et n'a donc pas de connaissances particulières en la matière. Mais nous allons travailler avec des organismes de recherche, puisque le requin pose désormais un véritable problème à l'usage de la nature côtière à La Réunion.
Monsieur Jean-Luc Fugit, vous m'interrogez sur nos liens avec la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et d'autres organismes. J'étais trésorier de la FRB. Je rappelle que l'OFB n'est pas une organisation non gouvernementale ; c'est un établissement public fondé sur la connaissance scientifique. Nous devons donc nous appuyer sur tous les réseaux – et la FRB en est un puisqu'elle rassemble des organismes de recherche afin de coordonner la connaissance. Les données doivent être mieux partagées et coordonnées entre organismes. Nous allons y travailler avec la FRB, que nous finançons déjà. Ce sera un sujet de discussion avec son futur président.
La pêche est également un sujet extrêmement sensible. J'ai rencontré toutes les organisations de pêche de loisir et professionnelle. Les pêcheurs ont parfaitement conscience de leur impact sur la biodiversité. Ils savent que la pêche permet aussi de restaurer la biodiversité, en métropole et outre-mer. Ils seront très présents dans le conseil d'administration, qui comptera quarante-trois membres. Toutes les parties prenantes seront donc représentées. Nous travaillerons également avec eux au sein du comité d'orientation, où le dialogue sera plus approfondi, et au sein du conseil scientifique.
Madame Élisabeth Toutut-Picard, comment va fonctionner l'Office français de la biodiversité ? Il n'y aura pas de cloisonnement, ni de fonctionnement en silo – terrestre, aquatique, marin, etc. – même si nous avons prévu un délégué pour la mer, par exemple. Nous ferons en sorte de mieux articuler et décloisonner nos actions nationale, régionale et départementale, au service des projets territoriaux des élus locaux. Ce décloisonnement rendra l'organisation plus lisible, afin qu'il y ait beaucoup moins d'interlocuteurs par sujet qu'actuellement. Le chef de service départemental sera le représentant de l'OFB dans le département et le directeur régional sera l'interlocuteur pour toute la région. Il pourra ensuite orienter vers le service connaissances, le service police, le service d'appui technique aux gestionnaires, etc. C'est un pari organisationnel fort, auquel je me suis attaché depuis un an. L'OFB ne peut pas se permettre de diluer ses moyens dans des complexités administratives ou organisationnelles.
S'agissant de la santé, j'ai commencé à travailler avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui a un rôle émergent, mais de plus en plus important, sur l'impact des produits sur la biodiversité. J'ai décidé de renforcer nos liens avec M. Roger Genet, son directeur général, et son équipe car, vous avez raison, santé, alimentation et biodiversité sont étroitement imbriquées et, là encore, nous avons besoin de connaissances. L'OFB a sans doute un rôle plus prospectif car nous sommes compétents sur la biodiversité terrestre, aquatique et marine. En tant qu'établissement public, opérateur de l'État, nous devons éclairer les pouvoirs publics sur l'impact de la biodiversité sur la santé.