Intervention de Jean-François Eliaou

Réunion du jeudi 14 novembre 2019 à 9h50
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Eliaou, député :

Le manque d'adhésion à la vaccination d'une partie de la population est assez connu. Une étude internationale publiée en 2016 indique que la France est le pays dont les citoyens sont les plus méfiants vis-à-vis de la sûreté des vaccins. Cette même année, en 2016, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a mis en place une concertation citoyenne sur la vaccination dont la présidence du Comité d'orientation a été confiée au professeur Alain Fischer ici présent.

Concluant six mois de réflexions et d'échanges, associant les citoyens et les professionnels de santé, les recommandations de ce comité visaient à rétablir la confiance des citoyens et à améliorer les couvertures vaccinales. Certains taux de couverture sont en effet trop bas et ne permettent pas d'empêcher la propagation des agents infectieux. Parmi ces recommandations, figurait le fait de rendre obligatoires, et, j'y insiste, de façon présentée comme temporaire à l'époque, les vaccins alors seulement recommandés chez l'enfant, c'est-à-dire le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole), les vaccins contre les infections à méningocoque de type C, au pneumocoque, à Haemophilus influenzae, et les vaccins contre l'hépatite B et contre la coqueluche.

C'est une mesure qu'Agnès Buzyn, ministre chargée de la Santé, a souhaité mettre en place dès 2018 et que le Parlement a adoptée5. Elle semble porter ses fruits, nous en discuterons ce matin.

Ma collègue sénatrice Florence Lassarade, mon collègue Cédric Villani, député, et moi-même, avons effectué un travail sur la politique vaccinale en France sous la forme d'une note scientifique qui a été adoptée par les membres de l'Office en juillet 2019. Florence Lassarade étant pédiatre, et moi-même immunologiste et pédiatre de formation, nous étions convaincus de l'intérêt de cette note que Cédric Villani a souhaitée, suite au débat qui a eu lieu à l'automne dernier et aux nombreuses sollicitations de citoyens qui n'approuvaient pas la mesure prise en 2018. Cette acceptation de la mesure sera certainement un des points cruciaux de notre discussion de ce matin.

Cette note scientifique a été l'occasion pour nous de mettre en évidence que le manque d'adhésion à la vaccination est un phénomène complexe qui a plusieurs origines. À ce titre, il nous paraissait intéressant de bien examiner les origines de ce phénomène afin qu'elles soient prises en compte dans la politique vaccinale de notre pays.

Notre première table ronde sera donc consacrée dans un premier temps à un retour historique sur le manque d'adhésion à la vaccination par la population, car il semble que ce phénomène date du tout début de la vaccination et qu'il a évolué en parallèle de celle-ci. M. Laurent-Henri Vignaud, spécialiste de l'histoire ancienne de l'hésitation vaccinale, nous éclairera notamment sur le manque d'adhésion à la variolisation, qui est l'ancêtre de la vaccination.

Madame Annick Opinel, spécialiste de l'histoire moderne de l'hésitation vaccinale, nous éclairera sur les controverses récentes, qui sont pour beaucoup dans le manque actuel d'adhésion à la vaccination.

Pour bien étudier ce phénomène, il est nécessaire de le quantifier et de suivre son évolution. Des études comme celle menée à l'échelle française par Santé publique France, et les études internationales auxquelles cette agence peut contribuer, sont donc primordiales. Elles permettent de mieux caractériser le manque d'adhésion en lien avec des profils socio-économiques par exemple, et d'évaluer l'efficacité des mesures prises pour améliorer la politique vaccinale. Elles sont donc très utiles pour les décideurs politiques que nous sommes. Madame Sylvie Quelet, représentant Santé publique France, nous présentera une analyse des travaux de cette agence.

Comme je l'ai dit en préambule, la concertation citoyenne sur la vaccination a émis des propositions intéressantes, dont certaines ont été rapidement prises en compte. Le professeur Alain Fischer décrira le point de vue citoyen tel qu'il a été pris en compte dans les réflexions de la concertation, ainsi que les mesures proposées pour rétablir la confiance.

Finalement, les médecins sont certainement les plus directement confrontés au manque d'adhésion à la vaccination des patients. Leurs observations de terrain doivent être prises en compte bien entendu, et il semble qu'ils aient un rôle très important à jouer pour améliorer la confiance. Des études montrent que les citoyens accordent plus de confiance à leurs médecins qu'aux autorités de santé. Le professeur Henri Partouche nous livrera le point de vue des médecins, notamment des médecins généralistes et les propositions de sociétés savantes de médecine générale.

Mesdames, messieurs les intervenants, je vous invite à prendre la parole successivement pendant 8 minutes maximum, pour la clarté des débats et surtout pour laisser du temps aux questions.

Nous commençons par Laurent-Henri Vignaud, agrégé et docteur en histoire, spécialiste de l'histoire des sciences et maître de conférence à l'Université de Bourgogne, Centre Georges Chevrier – Sociétés et sensibilités. Vous êtes co-auteur, avec Françoise Salvadori, chercheuse en immunologie et virologie, de l'ouvrage « Antivax, la résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours ». Le caractère ancien de l'hésitation vaccinale est peu connu, merci d'avoir accepté de nous éclairer sur ce sujet.

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