– Je vais répondre aux questions en commençant par la dernière. Le Conseil international des sciences, basé à Paris, travaille avec les différentes institutions scientifiques pour assurer un processus de vérification des informations scientifiques. Ceci est nécessaire, mais pas aisé, car les fausses informations voyagent très bien sur internet.
Dans l'institution co-présidée par Rémi Quirion, nous passons également du temps à essayer de voir comment partager des informations de confiance. Comment comprendre, à l'échelle internationale, ce qui se passe dans le cyberespace ? Les choses vont si vite dans ce domaine. Il faut envisager la manière dont la société peut et doit y faire face. L'OCDE se saisit également de cette question actuellement. Il faut un organisme plus efficace, mais il est difficile de savoir comment procéder, entre le rôle des États-Unis et de la Chine, les entreprises privées, la ploutocratie aux États-Unis, etc. Pour vous donner un exemple, nous avons été confrontés à la tragédie de la mosquée de Christchurch. Les autorités ont essayé de créer un débat pour établir la vérité. Mais ceci s'est avéré difficile, car les gens ne voulaient pas que la désinformation cesse. Pour autant, il ne faut pas baisser les bras.
Je pense que le changement climatique constitue aujourd'hui la plus grande menace pour l'humanité. Les trois blocs, en particulier chinois et américain, rendent la situation difficile.
Pour ce qui est de l'accident industriel, il apparaît que les systèmes d'urgence mis en place au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande sont efficaces. Nous avons, en Nouvelle-Zélande, été confrontés à un cas similaire à celui que vous avez cité : en quelques secondes, nous savions exactement quelle section de l'agence compétente disposait de l'expertise pour nous aider à gérer la question de la toxicité chimique. Bien évidemment, chaque cas est différent. Mais il faut être préparé à faire face à tous les types d'urgence, en sachant à l'avance à quels experts il pourra être fait appel et quelles substances toxiques sont utilisées dans quelles usines. Il n'y a pas d'autre moyen. Je sais que le Scientific Advisory Group of Experts (SAGE) au Royaume-Uni intervient sur ces questions, tout comme nous. Il faut être préparé et savoir qui contacter. Ce n'est pas la communauté scientifique habituelle spécialisée qui intervient, mais des gens bien identifiés a priori.