est une petite rédaction. Avec Julie, nous avons vraiment fonctionné en binôme. Je suis sur le terrain. J'habite à Rouen et de ce fait, je me rends assez rapidement sur les lieux. Toute la journée, j'alterne les conférences de presse, les interviews, à partir de l'incendie. Julie est en studio. Nous sommes vraiment un binôme, même si des journalistes d'autres départements viennent nous donner un coup de main le jour même et le suivant. Nous n'étions pas tout seuls, mais au moment de la crise, dans la gestion de l'incendie, pendant les 10 à 15 premiers jours, nous sommes vraiment en binôme : elle en studio et moi sur le terrain.
Par rapport à l'amélioration de la communication de crise, je pense qu'il est difficile, que ce soit pour les politiques ou pour les journalistes, de contrer les fake news, Dans l'affaire Lubrizol, elles occupent la place que n'ont pas les services publics sur les réseaux sociaux. Lorsque l'on tape « Lubrizol Rouen » sur Twitter, ce qui apparaît pendant dix jours, c'est l'eau soi-disant contaminée, les oiseaux et les poissons morts…
À l'heure des réseaux sociaux, où tout le monde a un smartphone, quasiment tout le monde a un compte Facebook ou un compte Twitter ou les deux, la communication a été d'un autre temps. Elle ne prend pas en compte le fait qu'aujourd'hui, tout le monde a un smartphone, tout le monde a accès aux réseaux sociaux. Ce n'est peut-être pas 100 % de la population, mais la grande majorité en tout cas.
Je suis arrivé le matin très tôt sur le site de l'incendie. Dans le périmètre de sécurité ou juste à côté, il y avait des mères de famille, des enfants qui sortaient, des personnes qui allaient travailler. Il y a même une personne qui m'a demandé si les autobus passaient ! Il y avait aussi quelqu'un de France Bleu. Quand ils nous ont vus, ils nous ont demandé : « Que savez-vous ? Avez-vous des informations ? ». Ils n'étaient pas du tout au courant, alors que nous étions au milieu du périmètre de sécurité. Au moment même du déclenchement, les populations qui habitent à 100 mètres ou à 200 mètres de l'usine sont donc moins au courant que nous.