Intervention de Ghislain Annetta

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 14h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Ghislain Annetta, le Courrier Cauchois :

D'une façon plus générale, dans les premiers jours, j'ai eu l'impression que la communication de crise s'adressait plus aux secours et à l'industriel qu'aux habitants. Cela s'est vu lorsqu'il a été dit qu'il n'y avait pas de toxicité aiguë et que les sapeurs-pompiers pouvaient intervenir. Je ne sais pas si vous partagez mon ressenti. J'en ai discuté avec des gens travaillant dans la communication de médecine de catastrophe, celle sur la toxicité aiguë ne répondait pas aux questions des populations qui se demandaient : « Qu'est-ce que j'inhale ? Qu'est-ce que sont ces suies ? ».

Je comprends le fait de vouloir centraliser la communication de la préfecture. Cela étant, un jour, il y a eu une conférence de presse des sapeurs-pompiers à Yvetot, en même temps que la conférence de presse du préfet, et comme nous sommes à Yvetot, nous sommes allés au plus près. Nous avons envoyé un journaliste qui a attendu deux heures, tout comme les autres journalistes de médias nationaux, pour finalement entendre les sapeurs-pompiers dire : « Nous avons reçu un ordre d'au-dessus, nous ne faisons pas de conférence de presse. En effet, le seul qui est habilité à parler est le préfet ! ». Imaginez un peu le ressenti du journaliste qui a attendu deux heures et à qui l'on dit, dès qu'il interviewe une personne sur le terrain : « On nous ment, on nous cache des choses ». Vous ne pouvez pas vous demander pourquoi il ne relativise pas. Un journaliste est aussi un être humain. En presse locale, nous sommes particulièrement des acteurs de notre territoire et nous réagissons aussi par rapport à cela.

Pour terminer, nous avons une zone très large entre Gonfreville, Port-Jérôme et la centrale de Paluel. Effectivement, au quotidien, nous parlons beaucoup avec les industries et surtout la plupart de nos lecteurs sont des gens qui y travaillent directement comme salariés ou comme sous-traitants. Si nous prenons comme exemple une fumée chez Exxon Mobil ou un incident déclaré à Paluel, ce n'est pas toujours simple d'avoir un interlocuteur qui vous réponde rapidement, c'est-à-dire qui ne laisse pas le temps de latence aller jusqu'à l'interrogation. Nous sommes souvent confrontés à des « Tout va très bien, Madame la Marquise… ». C'est la manière dont Paluel a communiqué sur l'incident du générateur qui était tombé. Ils ont dit : « Cela peut arriver. Il s'agit d'un incident, mais personne n'a été blessé ». Tant mieux si personne n'a été blessé. Cela étant, je ne sais pas si vous imaginez ce que pensent des gens à qui l'on répète à longueur de journée : « Ne vous inquiétez pas, nous sommes sécurisés. Il n'y a pas de souci, continuez à aller à l'école, etc. », mais à qui l'on n'explique pas comment le générateur est tombé. D'un côté, nous disons que cette entreprise nous indique qu'il s'agit d'un incident qui ne remet pas en cause sa rigueur générale, et de l'autre, quand vous parlez aux habitants, on vous dit : « Très bien, vous me racontez cela, mais comment se fait-il qu'il soit tombé ? ». Nous parlions du rôle des médias, nous sommes entre les deux ; c'est-à-dire que nous vivons sur le territoire et nous parlons du territoire.

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