Je dirige une équipe mixte à l'INSERM et Sorbonne Université. Nous travaillons dans le domaine de l'épidémiologie et de la santé publique. J'ai quelques commentaires à faire, essentiellement sur la méthode. Effectivement, nous ne trouvons pas si nous ne cherchons pas.
Nous avons mesuré des choses à côté des vrais problèmes, notamment ces particules ultrafines. Pour mémoire, ces particules ne sont pas surveillées de façon générale. C'est un gros problème, l'Europe ne demande pas de les surveiller. Nous ne les mesurons donc pas. Ce sont ces particules qui sont vraiment très mauvaises pour la santé.
La composition de ces particules est très importante, car nous avons des effets toxicologiques et épidémiologiques qui en dépendent. J'ai aussi regardé la liste des composés, il y en a plein pour lesquels nous ne connaissons pas les effets.
C'est bien triste à dire et cela nous amène à parler un peu de façon générale de ce site en pleine ville qui a des produits qui peuvent dégager des produits encore plus dangereux, et qui en plus sous-traitent pour ne pas les garder. Il y avait des choses à Lubrizol qui étaient à côté. Cela pose vraiment de gros problèmes.
Je suis dans le milieu médical et pour les médicaments, il y a une autorisation de mise sur le marché qui est bien claire et bien définie. Pour des choses qui sont très dangereuses, il n'y a rien, il n'y a que la parole de l'industriel qui nous dit qu'il respecte les règles parce qu'il met les produits à côté, même si c'était peut-être momentané. Ce qui a été fait est très grave. Il nous dit qu'il n'y a pas de problème. Je pense qu'il faut vraiment remercier les ouvriers et le personnel qui ont déplacé des matériaux très dangereux. Permettez-moi de faire le parallèle avec Tchernobyl, où les gens se sont voués à mettre du ciment sur le réacteur. C'est très important que nous allions au-delà.
Pour répondre de façon anticipée à M. Coquerel concernant le principe de précaution, nous ne faisons rien et nous n'avons pas les données. Nous n'avons pas les bonnes mesures, et nous n'avons pas fait des choses très simples. Vous avez parlé d'une antenne pour surveiller les effets aigus. Cela se fait pour les sargasses aux Antilles. C'est très simple, cela se fait sur les téléphones. Les gens peuvent dire s'ils ont des problèmes. Le réseau Sentinelles de l'INSERM a des méthodes qui peuvent se déployer en quelques secondes pour pouvoir surveiller l'aigu, qui est certainement très important. Encore une fois, nous avons là des produits très dangereux qui sont très mauvais sur le long terme. D'ailleurs, nous savons maintenant que cette pollution, même à des doses qui sont faibles, donne des effets à long terme. Les maladies comme le cancer, qui ont une latence longue, comme nous le disons en médecine, nécessitent des années. Le long terme est vraiment très important. Il faut surveiller et nous savons surveiller.