Monsieur Crague, vous mettez en corrélation l'industrie, l'économie et l'écologie. En cohérence avec ce que vous dites, la France a perdu deux millions d'emplois industriels en 30 ans. Cela doit nous interpeller massivement. L'industrie représente 14 % du produit intérieur brut (PIB) en France, contre plus de 20 % en Allemagne. Petite lueur d'espoir : la « Une » de L'Usine Nouvelle de cette semaine consacre le fait que depuis 2017, nous enregistrons, en France, plus de créations que de fermetures de sites, ainsi qu'un nombre important de sites en extension, donc de la création nette d'emplois industriels, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps.
Monsieur Brennetot, vous nous avez un peu plus déprimés sur la vision territoriale de la Métropole, même si vous ne faites que rappeler des choses que nous savions déjà. Il est vrai que cela ne fait pas forcément plaisir à entendre. Cela traduit bien l'échec des politiques publiques de ces 20 dernières années sur comment créer ce territoire métropolitain, cette capitale régionale de la Région Normandie. À ce stade, nous ne sommes pas encore tout à fait dans ce qu'il aurait fallu faire. Mais dans chaque échec – et Lubrizol doit être vécu comme tel pour le territoire et pour l'usine – il y a aussi une opportunité. Cela peut engendrer un « Wake-up call » pour nous inciter à travailler ensemble à créer quelque chose qui nous permette de ne pas être avant-derniers après Paris et avant Marseille en termes de volonté des citoyens de mettre en avant leur territoire.
Vous n'avez pas répondu à la question de ma collègue sur la communication de crise, et notamment sur comment l'améliorer à l'égard de la population. En parallèle, je m'interroge sur le document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM), ce document qui permet normalement d'informer la population sur les risques industriels et les comportements à avoir en cas de situation à risque. Ces DICRIM sont gérés par les communes et chacune a la liberté de faire ce qu'elle veut pour les mettre en avant. Celui de la ville de Le Petit-Quevilly est disponible assez facilement sur internet et le DICRIM de la ville de Rouen est inaccessible. Il faut se présenter physiquement à la mairie pour y avoir accès, ce qui fait que trois mois après l'incendie de Lubrizol, je ne l'ai toujours pas vu. C'est un peu l'arbre qui cache la forêt. On a l'impression que l'on fait des choses, alors qu'on ne fait rien, puisque personne n'est finalement informé des vrais risques et de ce qu'il faut faire. Pensez-vous qu'il faudrait essayer de faire les choses différemment ? Ou est-ce tout à fait convenable et nous pourrions nous satisfaire de cela ?