Certes. Comment pouvons-nous nous adapter, dans un monde démocratique, à une situation dans laquelle les discours des gouvernants peuvent varier en fonction du résultat des élections ? Je ne peux pas vous apporter de réponse, Madame de La Raudière. Cette question n'est pas facile et affecte, non seulement le quotidien de ceux qui travaillent dans la filière, mais aussi l'attractivité de celle-ci. De fait, elle se pose à ceux qui ont 16 ans et sont en classe de seconde ou de première, à ceux qui ont 20 ans et viennent de rentrer dans une école d'ingénieur ou terminent un diplôme de technicien et qui se demandent s'ils doivent s'orienter vers l'instrumentation nucléaire ou vers l'instrumentation médicale, vers la métallurgie adaptée au nucléaire ou vers la métallurgie adaptée à la construction navale. Il est important, pour nous, de savoir vivre avec l'environnement dans lequel on est et qui s'impose à nous.
Pour en revenir à la question du management, j'aurai à mes côtés quelqu'un pour donner les impulsions au plan Excell, en dehors de toute responsabilité programmatique. Je bénéficierai certainement d'un niveau d'information plus profond qu'actuellement, puisque les aspects sous-jacents des problèmes sont éclipsés par les objectifs programmatiques. Lorsque ces derniers sont atteints, on a tendance à en déduire que les problèmes sous-jacents n'étaient pas si graves, et on ne comprend qu'à la fin qu'ils ont été sous-estimés car ils n'avaient pas d'effets immédiats sur les objectifs. De fait, au cours de la période 2015-2018, le devis et la date de livraison de Flamanville n'ont pas été révisés.
S'agissant de la visibilité, l'échéance de 2028 n'est évidemment pas la plus adéquate, mais les PPE sont prévues pour deux fois cinq ans, et nous nous y adaptons.
Vous m'interrogez sur un plan B, dans l'hypothèse où nous ne construirions pas d'EPR. Nous souhaitons que l'État prenne la décision de construire six EPR lorsqu'il l'estimera utile, car c'est une décision « sans regret ». Quoi qu'il arrive, nous aurons besoin de 10 gigawatts d'énergie nucléaire. Nous avons aujourd'hui une capacité de 63 gigawatts ; avec six EPR nous aurions les 10 gigawatts nécessaires, ce qui nous laisserait le temps de voir si le prix du stockage baisse d'un facteur dix ou vingt, et si le cycle de vie des batteries est acceptable. Le stockage par batterie semble aujourd'hui la solution la plus proche, mais nous ne savons pas s'il n'entraîne pas des problèmes environnementaux extrêmement graves. Si nous voulons préserver la filière nucléaire, et la possibilité de peut-être construire d'autres centrales à l'avenir, il n'y a pas de regrets à construire six EPR pour remplacer les réacteurs qui seront fermés à l'horizon 2035-2045.
Madame Batho, vous m'avez parlé d'une instruction de construction : je n'en ai pas. J'ai reçu la demande de deux ministres d'alimenter un dossier.