Aujourd'hui, des millions de personnes revendiquent leur droit à une retraite digne, s'opposant à une politique oppressante d'inégalités, d'ostracisme et de stigmatisation. Elles ont bien compris que votre réforme est génératrice de pensions faibles et volatiles et d'une perte de qualité de vie. Si, dans l'hexagone, ses conséquences désastreuses ne font aucun doute, dans les territoires ultramarins, elles seront carrément génocidaires.
Par votre universalisme aveuglant, vous ignorez une réalité singulière : des contingents d'actifs aux trajectoires professionnelles incomplètes, des jeunes arrivant tardivement sur le marché du travail, des taux de chômage les plus élevés de France, des marins pêcheurs, agriculteurs et travailleurs indépendants touchant des pensions indignes de 400 euros, et la mise à l'écart des organisations syndicales locales, jugées non représentatives, alors même qu'elles recueillent l'adhésion et la confiance de nos travailleurs – sans doute l'expression ultime d'un jacobinisme parisien qui méprise toute légitimité locale.
En Martinique, territoire le plus vieillissant de France, le montant moyen des pensions s'élève à 1 060 euros pour les hommes et à 971 euros pour les femmes, alors que la vie y est plus chère de 37 %. En raison des cancers et des autres pathologies liées à l'empoisonnement au chlordécone, nombre de nos compatriotes n'atteignent même pas l'âge de la retraite.
Cette réalité percute frontalement votre conception ultralibérale, qui bafoue les valeurs d'universalité et d'humanité. Dans une société moderne, l'accès pour tous à la dignité tout au long de la vie est un droit inaliénable. Or, au nom d'une prétendue universalité, votre projet de retraite sanctionne les travailleurs. C'est une régression sociale majeure : en voulant à tout prix théoriser la capitalisation, vous avez fini par terroriser les futurs retraités. Est-ce là votre dessein pour nos compatriotes ?