Intervention de Francis Vercamer

Séance en hémicycle du mercredi 8 janvier 2020 à 15h00
Débat sur les politiques de l'emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancis Vercamer :

Avec plus de 260 000 emplois créés en un an – mesure réalisée au troisième trimestre dernier – et un taux de chômage de 8,5 %, notre pays semble avoir renoué avec une trajectoire positive en matière d'emplois en 2019.

Étant essentiellement portée par le dynamisme de la croissance, cette trajectoire reste incertaine ; le Gouvernement table d'ailleurs sur un ralentissement de la croissance en 2020. Par ailleurs, cette situation globale cache bon nombre de disparités.

Ces disparités sont tout d'abord humaines : les ressorts du chômage diffèrent selon qu'on est jeune ou senior, diplômé ou peu qualifié, cadre ou employé, sans emploi depuis quelques mois ou depuis plus d'un an, voire deux ou trois ans. De plus, les recrutements s'opèrent toujours massivement en contrats à durée déterminée, avec ce que cela suppose d'incertitude quant à la pérennité de l'emploi.

Les disparités sont également professionnelles, car les secteurs d'activité participent diversement à la dynamique. Si le tertiaire et les services tirent fortement l'emploi, d'autres secteurs sont en tension et peinent à recruter, révélant une inadéquation persistante entre l'offre et la demande. Comment ignorer que certaines activités connaissent des difficultés majeures, comme la grande distribution, à l'heure où le groupe Auchan, né dans l'agglomération roubaisienne, s'apprête à annoncer un plan de départs volontaires massif ?

Les disparités existent enfin sur le plan territorial, car les possibilités de trouver un emploi varient selon qu'on habite une agglomération ou un secteur rural, un bassin d'emploi dynamique ou frappé par la désindustrialisation. Souvent, la situation est encore plus complexe : au sein de la métropole européenne de Lille par exemple, le bassin d'emploi lillois affiche un taux de chômage de 8,9 % au deuxième trimestre 2019, tandis que le bassin roubaisien maintient un taux de 12,5 % et que les quartiers relevant de la politique de la ville atteignent des records.

Si le chômage conjoncturel recule, le chômage structurel reste donc profondément ancré dans le corps social de notre pays. Ainsi, 48 % des personnes inscrites à Pôle emploi le sont depuis plus d'un an. Nous attendons de l'État et du Gouvernement des mesures fortes capables de faire reculer ce chômage structurel, qui touche les demandeurs d'emploi nécessitant l'accompagnement le plus marqué.

Le groupe UDI, Agir et indépendants est convaincu que ce chômage structurel et ces disparités doivent être combattus par des réponses diversifiées. C'est ainsi que nous gagnerons durablement la bataille de l'emploi.

Ces réponses passent tout d'abord par la formation professionnelle. Il est encore prématuré de dresser un bilan de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, et des incertitudes demeurent quant à l'attitude des salariés vis-à-vis du compte personnel de formation. Nous pouvons espérer que la monétisation de ce dernier n'incitera pas les salariés à trop attendre pour s'engager dans une formation, et que l'accompagnement, dispensé notamment par le conseil en évolution professionnelle, contribuera à une utilisation pertinente du CPF. Ces deux aspects méritent une vigilance des acteurs de la formation professionnelle et des services de l'État.

La vigilance est également de mise pour assurer l'indispensable fluidité des parcours d'entrée en formation, lesquels restent trop souvent bloqués sur le terrain, faute de financement.

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