Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mercredi 8 janvier 2020 à 15h00
Débat sur les politiques de l'emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Je vous souhaite une bonne santé, madame la ministre. J'avoue avoir été choqué de vous entendre utiliser le terme d'assistés ; je n'aime pas ce vocabulaire. Il n'y a pas d'assistés en France, il y a des bénéficiaires d'aides sociales. Peut-être y a-t-il des assistés ailleurs…

J'en viens à ma question. Depuis plusieurs mois, le Gouvernement ne cesse de se vanter d'avoir – je le cite – nettement amélioré le marché de l'emploi. Le Président de la République promet de ramener le taux de chômage à 7 % d'ici la fin de son mandat. Comme souvent, ces éléments de langage cachent une réalité quelque peu différente. Mes collègues y reviendront lors du débat qui suivra, relatif à la politique de lutte contre le chômage. Ces annonces dissimulent souvent des contrats très courts ou des périodes de formation.

Peu importe en réalité la lecture que l'on fait des chiffres publiés par l'INSEE ou Pôle Emploi : personne ne peut nier que le chômage demeure à un niveau anormalement élevé en France. Ce constat, dont je suis certain que nous le partageons tous, soulève une question : pourquoi, alors que 6 millions de personnes sont encore au chômage en France, souhaitez-vous faire travailler les actifs plus longtemps ? Pourquoi, en instaurant une retraite à points doublée d'un âge pivot, voulez-vous contraindre les gens à travailler jusqu'à 64, 65 voire 67 ans ou plus, pour percevoir une pension décente, alors que tant d'autres, plus jeunes et disponibles pour travailler, ne trouvent tout simplement pas d'emploi ? Pourquoi repousser l'âge auquel il est possible de percevoir sa retraite sans décote, alors même que les seniors éloignés de l'emploi rencontrent déjà de grandes difficultés pour retrouver du travail ?

Je ne reprendrai pas l'excellente question de notre collègue Demilly à ce sujet – à laquelle je dois dire, madame la ministre, avec tout mon respect, que votre réponse manquait singulièrement de tonus. Vous avez évoqué la nécessité de changer de culture, mais le problème reste entier. Vous semblez bien impuissante face au problème que nous affrontons. Ces questions reviennent souvent et ne trouvent jamais de réponse dans vos rangs. En effet, il n'existe pas de réponse honnête autre que celle consistant à reconnaître qu'en allongeant la durée de la vie au travail, comme vous souhaitez le faire, vous augmenterez mécaniquement le nombre de chômeurs.

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