Nous travaillons avec les partenaires sociaux et je suis convaincue que les solutions seront plus intéressantes si elles sont construites conjointement plutôt qu'unilatérales, d'où qu'elles viennent.
Vous avez raison de souligner, comme je l'avais fait précédemment, que le taux d'activité des personnes de 60 à 64 ans ne dépasse pas 30 %. Vous avez encore raison d'indiquer que, pour satisfaire les personnes de 60 à 64 ans, qui sont nombreuses à souhaiter travailler sans pouvoir le faire, ou qui rencontrent des difficultés pour conserver leur emploi, il faut aussi faire évoluer le travail – ce qui rejoint la question de la pénibilité. Aujourd'hui, parmi les 650 000 personnes partant à la retraite chaque année, 100 000 se trouvent en situation d'invalidité ou d'incapacité partielle ; c'est un chiffre élevé. Dans le cas de l'incapacité, liée au travail, cela démontre que la prévention doit être fortement renforcée. Dans le volet de notre discussion avec les partenaires sociaux consacrée à la pénibilité, nous nous sommes entendus hier pour reconnaître l'absolue priorité devant être accordée à la prévention. C'est le sujet sur lequel nous sommes les plus mauvais en France aujourd'hui. Cela ne signifie pas qu'il n'y a rien à faire par ailleurs sur les reconversions et la réparation, mais la prévention constituera un élément essentiel du projet.
Changer le travail, c'est aussi changer l'approche du recrutement. Alors qu'une entreprise sur deux rencontre des difficultés pour recruter, notamment les plus petites, un certain nombre d'entre elles commencent à envisager de changer leur regard sur les seniors, comme nous le constatons dans les clubs d'entreprises inclusives. Certains éléments seront inscrits dans le projet de loi, d'autres feront l'objet d'engagements des partenaires. Il me semble qu'en liant pénibilité, emploi des seniors et réforme des retraites, nous avons les moyens de profiter de cette réforme pour accomplir un progrès significatif en matière de politiques de l'emploi.