Madame la ministre du travail, la réforme de l'assurance chômage est une véritable catastrophe sociale. Des milliers de personnes vont voir leur indemnisation diminuer. Au nom de quoi ? Alors qu'il fallait avoir travaillé quatre mois sur vingt-huit pour bénéficier des droits au chômage, il faudra désormais avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers mois. Dès les douze premiers mois de sa mise en oeuvre, cette mesure va affecter plus de 710 000 personnes. Vous supprimez le mécanisme de rechargement des droits, qui permettait à un chômeur qui travaillerait environ un mois d'allonger d'autant la période pendant laquelle il était indemnisé.
Pour minimiser la dureté de votre action, vous prétendez qu'avec cette réforme de l'assurance chômage, « on revient simplement à ce qui se passait il y a dix ans, avant la crise ». C'est faux ! Par exemple, le mécanisme de rechargement des droits à l'assurance chômage n'est pas une disposition issue de la crise : il a été mis en place en 2014.
En réalité, les chiffres montrent une faible diminution du chômage mais une nette augmentation de la précarité des travailleurs. Votre politique est bien plus efficace pour faire sortir les chômeurs des fichiers de Pôle emploi que pour leur permettre véritablement d'en retrouver un. Malgré le dévouement extrême de ses agents, Pôle emploi est davantage devenu le lieu où l'on vérifie que la recherche d'emploi est frénétique que l'endroit où l'on vous en propose un.
Tout à l'heure, mon collègue Alexis Corbière vous a posé une question sur le chômage des seniors et la réforme des retraites. En effet, un actif sur deux à l'âge d'arriver à la retraite n'est plus en emploi, tandis que notre pays compte plus de 300 000 chômeurs de plus de 60 ans, qui ont, dans leur majorité, toutes leurs années de cotisation. Vous avez simplement répondu qu'il fallait promouvoir un changement culturel et que vous n'aviez pas toutes les recettes dans votre chapeau. Je remarque néanmoins que, quand il s'agit de mener la vie dure aux chômeurs, vous ne manquez pas d'inspiration !
Tout à l'heure, vous avez déploré avec nous la précarité extrême de l'emploi et le fait que 87 % des contrats signés sont des contrats courts – un tiers de ces contrats durent moins d'un jour. Je veux donc vous poser deux questions, madame la ministre. Pour vous, le CDI est-il toujours la règle ? Si oui, à part le bonus-malus, quelle solution avez-vous encore sous le pied – je reprends votre expression – pour lutter contre le recours excessif aux contrats courts ? Que pensez-vous, par exemple, des quotas modulables en fonction de la taille de l'entreprise ?