Madame la ministre, le chômage atteint en France un niveau élevé – et, dans certains territoires, très élevé, comme notre collègue Jean-Philippe Nilor l'évoquait voilà quelques instants – et la précarité galope. Face à cela, se développe du travail sans statut, sans droit du travail, ubérisé. Ce modèle n'est pas soutenable. Que comptez-vous faire pour ne pas le voir se développer ? C'est en tout cas à cause de cette précarité que les parcours hachés, qui grèvent les pensions de retraite, se multiplient eux aussi.
Des femmes et des hommes, des jeunes, des moins jeunes, connaissent la souffrance de ne pas trouver d'emploi, à laquelle s'ajoute une culpabilisation destructrice. La réforme de l'assurance chômage que vous avez imposée et qui dégrade les droits n'arrange rien. Vous avez dit que nous appliquions un système d'indemnisation généreux. Je crois que ce système visait surtout à garantir la justice : nulle question de générosité ici, je ne partage pas votre manière de voir les choses.
Je souligne en passant que les organisations de privés d'emploi demandent toujours une reconnaissance, car elles ont des choses à dire sur les politiques de lutte contre le chômage.
Parmi les chômeurs, près d'un million de personnes cherchent du travail depuis au moins un an. Ce phénomène concerne 40 % des chômeurs en France métropolitaine, soit 3,4 % de la population active. Quels outils, quels moyens nouveaux pouvez-vous proposer pour y répondre ?
Face à ce constat, l'expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée – dont il a déjà été question – a été lancée, en janvier 2017, dans dix territoires de 5 000 à 10 000 habitants. Elle a permis de démontrer que personne n'est inemployable et que le chômage n'est pas un choix de convenance pour les travailleurs. Selon l'Observatoire des inégalités, c'est le fait de rester longtemps sans emploi qui pose le plus problème : les conséquences sont bien plus graves sur le niveau d'indemnisation, les relations sociales et l'état psychologique des personnes concernées, qui se trouvent ainsi éloignées de leur univers professionnel.
Vous avez reçu trois rapports d'analyse intermédiaire. Les premières conclusions font état d'une amélioration significative de la situation professionnelle et personnelle des bénéficiaires du dispositif. Si des ajustements semblent nécessaires, une deuxième phase expérimentale est préconisée. Comptez-vous prolonger cette expérimentation ?