Tout d'abord, madame Kuster, je me permets de rectifier un chiffre, car je suis une obsédée des chiffres incontestables. Nous sommes passés de 2,8 à 2,5 millions de chômeurs disponibles pour travailler en 2017. Ces chiffres ne sortent pas de mon chapeau : je me réfère toujours au même baromètre, publié chaque trimestre et il s'agit des chiffres de l'INSEE, reconnus par le Bureau international du travail. Tous les chiffres sont discutables mais il faut toujours prendre la même référence pour comparer ce qui est comparable.
En ce qui concerne les sujets que vous évoquez, vous avez raison, les causes sont multiples. Je partage votre constat : il est certain qu'au moins une entreprise sur deux connaît des difficultés pour trouver les compétences qu'elle recherche, ce qui est une proportion énorme. Si nous parvenons à la réduire, c'est en fait une chance, mais si nous n'y arrivons pas ce sera un grave problème, car il s'agit d'un enjeu à la fois social et économique.
Les raisons de ces difficultés sont connues, et je crois à une politique de l'emploi qui utilise tous les leviers. Le premier, dont j'ai déjà parlé, est la compétence. Il existe un très grand écart entre les compétences demandées et celles qui sont disponibles. Le plan d'investissement pour les compétences et les mesures pour l'apprentissage sont là pour y remédier.
D'autre part, certains métiers ne sont pas assez attractifs ou parfois, simplement, pas assez connus. Le cas des chaudronniers est célèbre : des dizaines de milliers de postes sont à pourvoir, c'est un métier bien payé, les conditions d'exercice se sont améliorées et il est très valorisant de travailler sur les ailes d'un Airbus, néanmoins le métier reste peu connu.
Mais parfois aussi, certaines branches doivent réfléchir à des améliorations concernant les conditions de travail, les salaires ou la part d'emplois précaires. Si elles ne proposent que des emplois précaires et jamais de perspective d'embauche durable, elles ne sont pas attractives !
Il faut donc travailler sur toutes ces questions. Je peux citer aussi celle de la mobilité, des transports, que vous avez évoquée et qui suppose un partenariat de plus en plus étroit entre Pôle emploi et les collectivités territoriales, responsables en la matière. Il en va de même pour la question de la garde d'enfants qui donne lieu, comme nous l'avons vu, à des mesures dans le cadre des initiatives locales pour l'emploi.
En ce qui concerne les régions, je m'inscris en faux contre vos propos : dans le cadre du PIC, nous transférons 6 milliards d'euros aux régions pour les aider à se renforcer. Ce large partenariat se passe très bien dans la plupart des seize régions qui l'ont noué. Sur ce sujet, les régions sont actives et nous les aidons à l'être encore plus. Enfin, concernant l'apprentissage, les résultats parlent d'eux-mêmes.