Madame la ministre, lorsque j'étais chef d'entreprise, j'avais tendance à dire que les chiffres sont plus parlants que les beaux discours. En matière de lutte contre le chômage, force est de constater objectivement que vous-même, les politiques que vous avez insufflées et donc le pays obtiennent aujourd'hui des résultats factuellement positifs.
Surtout, nous avons tous conscience que, derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes qui reconstruisent des projets de vie et retrouvent une dynamique et un espoir : c'est cela qui nous incite à poursuivre la démarche.
Cependant, alors que la situation s'améliore, nous devons choisir entre une politique de continuité ou une approche d'expérimentation et de rupture, au moins dans certains domaines.
La décentralisation des politiques de l'emploi vers les régions constitue l'une des ruptures possibles. En effet, deux atouts majeurs jouent en faveur de l'acteur régional. Il y a, d'une part, sa connaissance du tissu économique en raison de sa proximité – depuis que les régions ont la compétence économique, elles ont créé des liens forts avec les entreprises. D'autre part, les régions ont la capacité de répandre et d'essaimer les innovations que vous avez évoquées de façon efficace sur le terrain.
Les expérimentations menées dans ma circonscription constituent un bon exemple. Je pense en matière de chômage des jeunes à « Café contact emploi », une initiative associative qui s'est déployée et permet aujourd'hui de travailler sur l'insertion. Je pense aussi à l'expérience du parrainage de trente jeunes de quartiers difficiles au chômage par des cadres d'entreprise. Devant les résultats positifs, la région a proposé de multiplier leur nombre par dix en travaillant avec la maison de l'emploi grâce à un appel à projets de l'État « 100 % inclusion ».
L'État est-il prêt à envisager une expérimentation réelle de décentralisation des acteurs de l'emploi, Pôle emploi compris, vers les régions ?