Madame la députée, nous avons lu le même document de la Cour des comptes, et toutes les analyses dont nous disposons sur le sujet convergent. Comme vous l'avez dit, la situation est préoccupante. D'une part, le taux d'activité des seniors est plus bas que la moyenne européenne, surtout celui des 60-64 ans – il y a là un vrai sujet. D'autre part, le taux de chômage de longue durée est très élevé. Certes, globalement, le taux de chômage des seniors est inférieur au taux national, mais, pour ceux qui sont touchés, il est extrêmement difficile de revenir à l'emploi. Le chômage est moins fréquent, mais ses effets sont plus graves.
De plus, dans cette position intermédiaire entre l'emploi et la retraite, si les deux tiers des personnes concernées tirent leurs revenus de l'assurance chômage, un autre tiers vit grâce aux minima sociaux, dans les situations de précarité qu'on imagine. Il s'agit d'un gâchis humain et d'une perte économique pour la nation, car les personnes en question sont souvent expérimentées et ont des choses à apporter.
C'est dans ce cadre que nous avons confié à trois personnes, dont Mme Sophie Bellon, présidente du conseil d'administration de SODEXO, une mission sur l'emploi des seniors. Mardi prochain, ils remettront au Gouvernement et aux partenaires sociaux leur rapport qui nourrira les travaux entamés hier avec le Premier ministre et les partenaires sociaux d'une part sur l'emploi des seniors et d'autre part sur la pénibilité, sujets qui sont évidemment intriqués.
Le compte personnel de formation constitue bien une opportunité. Aujourd'hui, dans les entreprises, on ne forme pas les seniors : on se contente de constater que leurs connaissances ne sont plus à jour. Mais on peut se former à 50, à 55 ou à 60 ans ! Il est trop tôt pour l'affirmer, mais je pense que l'application Mon compte formation permettra aussi de rouvrir le droit à la formation des seniors.
Du côté de Pôle emploi, pendant une longue période, les seniors ont été un peu oubliés : très peu d'offres d'emploi leur étaient destinées. Aujourd'hui, alors qu'une entreprise sur deux cherche des compétences, nous devons remobiliser les agences de Pôle emploi sur ce sujet. D'autres pistes feront l'objet de la concertation en cours avec les partenaires sociaux – nous pourrons les évoquer ensemble très bientôt.