Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du mercredi 8 janvier 2020 à 15h00
Questions sur la politique de lutte contre le chômage

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

Il y a quarante et un ans, le 12 décembre 1978, avait lieu la fermeture de l'usine Usinor-Denain. La France connaissait le plus dramatique plan de licenciements de son histoire : 12 000 emplois sacrifiés, dont 5 000 dans la seule ville de Denain dont je suis le député.

À l'époque, les ouvriers français étaient déjà les victimes de la mondialisation et d'une mise en concurrence sauvage avec l'acier chinois. La fermeture de l'usine Usinor-Denain n'est malheureusement qu'un épisode de la longue liste de plans sociaux et de fermetures d'usines abandonnées par l'État au nom du sacro-saint principe de la libre ouverture des frontières et du libre-échangisme.

Depuis, le processus s'est encore accéléré. Depuis 1980, 1,5 million d'emplois industriels ont été détruits dans notre pays. La litanie des fermetures d'usines s'égrène sans fin : Michelin, Moulinex, Danone, Alstom… L'État qui ne pouvait pas tout, pour reprendre une expression bien connue, a multiplié les effets de manches inutiles et, trop souvent, a laissé l'industrie française seule face à une concurrence déloyale.

En septembre dernier, la SNCF, pour l'achat de vingt-huit rames automotrices électriques de trains intercités, a préféré passer commande à un constructeur espagnol au lieu de faire appel à Alstom. Dernier épisode en date : la direction générale de l'armement vient de commander pour 44 millions d'euros de pistolets à des sociétés autrichiennes et tchèques, le marché des munitions ayant été emporté par une société américaine. Le dernier manufacturier d'armes français, Verney-Carron, a été écarté de l'appel d'offres de manière contestable. Nous avions un savoir-faire prodigieux dans le domaine des armes légères, qui a été sabordé.

Si les dirigeants français avaient été soucieux des intérêts stratégiques de la France, jamais les industries françaises et leurs emplois n'auraient ainsi disparu.

Comment pouvez-vous, madame le ministre, affirmer mettre en oeuvre une politique de l'emploi efficace alors que vous refusez d'appliquer un vrai patriotisme économique, que le Rassemblement national est le seul à défendre ?

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