Tout d'abord, en interne, je me suis souciée dès mon arrivée, il y a plus de quatre ans, de mettre en place un comité exécutif qui soit paritaire. Il est toujours paritaire aujourd'hui.
Je me suis également attachée à ce que les réactions aux plaintes de certains salariés – femmes et hommes, car le harcèlement sexuel ne concerne pas que les femmes – soient beaucoup plus rapides et beaucoup plus appropriées. Avec l'aide du service des ressources humaines, des organisations syndicales et des salariés qui le voulaient, j'ai mis en place une ligne téléphonique dédiée au harcèlement et indépendante de la ligne hiérarchique, afin qu'existe un espace dans lequel chacun puisse s'exprimer en sécurité, et qui permette ensuite que les dossiers soient traités. Le bilan est positif : cette ligne harcèlement fonctionne. S'il n'y avait pas d'appels, ce serait à mon sens un signe de mauvais fonctionnement ; or des cas remontent et sont traités. Nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais nous avons pris le sujet à bras-le-corps. Nous avons eu des surprises ; le harcèlement passe aussi par des canaux que nous n'avions pas envisagés, par des réseaux sociaux, et il n'est pas forcément ni manifeste ni explicite. Il est donc crucial de sécuriser les alertes, car c'est ainsi que l'on peut se rendre compte qu'il y a un problème. C'est un phénomène qui doit être surveillé comme l'huile sur le feu.
En externe, il est également très important pour nous de renvoyer une image de parité et de diversité – ce sont deux sujets différents – à nos téléspectateurs. Sur la parité, nous avons beaucoup progressé, d'abord pour ce qui est des « incarnants » – il y a de plus en plus de journalistes femmes qui présentent les journaux télévisés, le 13 heures, le 20 heures, les magazines d'information, les quotidiens. Il n'y a aucun doute là-dessus : c'est mesuré par le CSA. Nous avons aussi beaucoup travaillé pour équilibrer le rapport entre « sachants » et « sachantes » : en 2018, il y avait 40 % d'expertes intervenant sur France Télévisions, contre 25 % en 2015. L'objectif de parité n'est pas encore atteint, mais le progrès est notable. Nous avons aussi discuté avec le collectif 5050 à propos des fictions : comment parvenir à raconter des histoires qui soient équilibrées et ne véhiculent pas de stéréotypes ? C'est pour cela que j'ai pris l'engagement, comme cela se fait dans certains pays anglo-saxons, de faire progresser le taux de réalisatrices ; nous allons nous engager concrètement sur un chiffre. Il faudra aller plus loin : ce qui compte aussi, ce sont les histoires que l'on raconte et la manière dont on les raconte. Il faut également que le taux d'autrices-productrices dans la fiction et dans le documentaire progresse ; nous devons nous y atteler et prendre des engagements pour que les équipes créatives soient paritaires, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en France.