C'est bien dans ce sens que nous allons travailler : nous mettrons tous les éléments sur la table, les avantages mais aussi les inconvénients des différents scénarios. Ainsi, nous serons en mesure de prendre les meilleures décisions possibles.
En ce qui concerne les coûts de l'électricité, Madame Meynier-Millefert, le soutien est effectivement important : 5 milliards d'euros par an, je le disais. En définitive, c'est l'écart entre le prix de vente et le prix de revient de ces énergies. Il est certain que si les prix de vente couvraient tous les coûts, ce serait extrêmement incitatif en termes d'économies d'énergie. Toutefois, nos concitoyens ont eu l'occasion de nous rappeler, l'an dernier, qu'ils étaient aussi très attachés à ce que l'on maîtrise le prix des énergies, notamment de celles dont ils ne peuvent pas se passer. Nous devons donc trouver un équilibre : il faut à la fois faire en sorte de ne pas vendre l'énergie à un prix tellement bas qu'il n'y a pas d'intérêt à faire des économies d'énergie et être très attentif à son poids sur le pouvoir d'achat de nos concitoyens. En effet, certains sont dépendants des énergies fossiles et ne peuvent pas absorber le choc provoqué par une diminution de l'efficacité des dispositifs de soutien.
Oui, Madame Kerbarh, la filière nucléaire aura de la visibilité. Je suis bien consciente de cette attente, mais nous ne la lui donnerons qu'une fois que nous aurons examiné tous les scénarios et que nous saurons quel est celui qui correspond le mieux à l'intérêt général.
En ce qui concerne les études sur les futurs réacteurs, qu'il s'agisse des réacteurs à neutrons rapides ou du projet ITER, ce sont effectivement des pistes qu'il faut absolument continuer à creuser. Quand on raisonne sur des projets tels que les réacteurs à neutrons rapides, il faut s'interroger non seulement sur le réacteur en lui-même, mais aussi sur l'alimentation en combustible – comment on le produit et comment on le recycle. C'est précisément ce que nous avons fait avec le CEA. Or on constate que les coûts de développement sont très importants, pour un gain qui n'apparaît pas avéré, compte tenu notamment des besoins en uranium et de l'état du marché de ce combustible. Ce sont évidemment des technologies sur lesquelles il faut continuer travailler – ce qui est bien le cas –, mais cela ne justifie pas que l'on passe dans l'immédiat à la phase des démonstrateurs en grandeur réelle.
La France accueille effectivement le projet ITER, dans lequel elle a toujours été très impliquée. L'objet du programme est bien de démontrer la faisabilité technologique de la fusion. Une première étape importante sera atteinte en 2025, avec la mise en oeuvre du premier plasma. La pleine exploitation du réacteur est, quant à elle, prévue en 2035. Nous sommes pleinement engagés dans ce projet. Des décisions devront être prises au niveau européen cette année concernant la poursuite de son accompagnement, et je pense que nous continuerons à nous impliquer dans son développement, comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant.