Sur le Brexit, je ne sais pas comment cela aboutira. J'ai rencontré le négociateur européen, il avait l'impression que le calendrier souhaité par M. Johnson n'était pas forcément le plus mauvais pour nous. En effet, la négociation sera peut-être plus difficile si elle venait à s'éterniser. Si nous voulons arriver à un accord dont l'enjeu principal serait le « level playing field », on aurait plutôt intérêt à avancer rapidement, sans perdre de temps, comme nous l'avons fait sur l'accord de sortie.
Sur le problème des retraites, il faut bien voir que la situation est très différente selon les pays, selon le taux de natalité et la structure de la population active. Nous avons raison d'être critiques vis-à-vis de la politique à un moment envisagée par les Italiens, car ceux-ci combinent une baisse de la natalité avec une volonté d'abaisser l'âge de la retraite. En France, nous avons une configuration un peu plus équilibrée, et nous avons donc la capacité d'avoir un système de retraites relativement plus généreux.
Sur les transferts financiers, je comprends très bien que vous soyez hostiles à des transferts d'allocation de chômage. Les Allemands attribuent la responsabilité d'un chômage excessif à une politique nationale inappropriée. Mais si l'on songe à l'exemple de l'Espagne, actuellement il y a des transferts massifs de population de l'Espagne vers l'Allemagne à partir de 18 ou 20 ans. Cela signifie que l'Espagne assure à ses frais la formation de ressortissants qui travailleront ensuite en Allemagne. Le marché est un système de solidarité et un marché unique profite d'abord à ceux qui sont au centre, non pas à ceux qui sont à la périphérie. Il serait donc juste d'envisager des compensations pour ceux-ci.