Monsieur le ministre, lundi 13 janvier, dans le cadre du sommet de Pau, Emmanuel Macron a annoncé que 220 militaires supplémentaires seraient déployés pour renforcer l'opération Barkhane. La France et les pays du G5 Sahel ont décidé de renforcer leur coopération militaire face à la recrudescence des attaques djihadistes.
Suite au décès de sept militaires au Mali fin novembre, les députés du groupe Socialistes et apparentés avaient demandé au Gouvernement de préciser les objectifs de cette opération militaire : nous souhaitions qu'il prenne une initiative pour éclairer les responsables politiques du pays, notamment les parlementaires, sur les enjeux de l'intervention française au Sahel.
Nous savons que la France est intervenue parce qu'une décision naturelle s'imposait à nous. Sans la France, en l'occurrence sans la décision du Président Hollande, le Mali aurait perdu sa souveraineté et les Maliens leur liberté. Quant au terrorisme, il aurait pu gagner et prospérer en Afrique comme sur le territoire national.
Cela dit, le temps passe et la présence française fait de plus en plus débat auprès des populations locales. Il ne faudrait pas qu'elle finisse par être perçue comme une force d'occupation ou une force de protection des présidents en place – un risque évoqué par un article publié dans le journal Le Monde le 14 janvier.
Dans ces conditions, un débat parlementaire semble s'imposer. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous préciser les raisons objectives ayant motivé le déploiement de 220 militaires supplémentaires au Sahel, et surtout la stratégie mise en place pour que la présence française soit plus efficace ? Certains responsables africains que nous avons rencontrés à l'ONU nous ont dit que la solution n'était pas forcément militaire, et que les risques d'enlisement étaient réels si nous n'orientions pas nos efforts sur le plan économique et social, en faveur des populations. Après quelques années de fonctionnement de l'opération Barkhane, nous avons suffisamment de recul pour en tirer des enseignements, et c'est ce constat que nous attendons avant d'engager un vrai débat.