Madame Le Meur, je tiens tout d'abord à saluer le travail que vous avez accompli depuis de longues semaines, certes avec d'autres de vos collègues, mais on connaît votre attachement à cette question des emplois francs et le dynamisme dont vous faites preuve.
M. Peu l'a dit : il est scandaleux – il n'y a pas d'autre mot – qu'à diplôme équivalent un jeune issu des quartiers prioritaires de la politique de la ville ait une probabilité de décrocher un entretien d'embauche infiniment plus faible qu'un jeune ayant les mêmes diplômes issu d'un autre territoire. C'est d'autant plus scandaleux que plus la personne est diplômée, plus cette discrimination augmente. La promesse républicaine faite par l'État à ces personnes pour qu'elles accèdent au système éducatif secondaire – ainsi qu'à leurs familles, qui les accompagnent dans leurs efforts – n'est donc pas tenue. Au final, c'est l'ensemble de ces quartiers qui sont découragés lorsqu'un diplômé ne peut même pas décrocher un entretien d'embauche – car c'est cela, la réalité, aujourd'hui.
En la matière, beaucoup de choses ont été faites et expérimentées – beaucoup de choses n'ont pas marché. Nous connaissons tous cette question des boîtes aux lettres placées dans un certain nombre de quartiers. L'expérimentation d'emplois francs vise à inverser cette logique : l'avantage fiscal ou budgétaire dépendra non pas de l'installation d'une entreprise dans un quartier prioritaire de la politique de la ville mais de l'embauche d'un salarié qui en vient. Cela mettra fin aux mécanismes du type boîtes aux lettres – ou autres – qui ont rendu inefficaces les autres dispositifs. Tel est l'objectif du Gouvernement.
Vous avez beaucoup concouru à l'élaboration de cette proposition, madame la rapporteure pour avis, mais nous discuterons de la question dans le cadre de l'examen de la mission « Travail et emploi », le 8 novembre : le Gouvernement défendra un amendement allant dans le même sens. Je ne peux qu'appeler au retrait de celui de la commission, tout en réaffirmant notre ferme volonté d'avancer sur ce sujet majeur afin de mettre fin à ce qui, à bien des égards, est un scandale.