Il semblerait dans nos auditions que le dossier d'information sur le risque majeur de la ville de Rouen n'avait pas forcément été au-delà de ce territoire et que d'autres communes étaient concernées par ce risque. Selon vous, est-il envisageable d'imaginer un document d'information communal sur les risques majeurs (dicrim) qui soit intercommunal afin que la population puisse en disposer chaque année ?
Deuxièmement, une mission d'inspection va avoir lieu. Il ne s'agit donc pas de devancer ses conclusions. Je partage votre avis : la sécurité est la première valeur de la République parce que personne ne peut accepter de vivre en insécurité, ne serait-ce que pour y placer sa famille. Je ne reviendrai pas sur s'il était bien ou pas d'actionner les sirènes, etc. Même si elles avaient été actionnées, personne n'aurait compris ce que cela voulait dire. C'est tout de même un sujet puisque même en Irak, il y a quelques heures, les sirènes ont été actionnées pour les bombardements. Cela veut donc dire que c'est une bonne technique et la population a tenté de se mettre à l'abri. Les sirènes sont un bel outil.
En revanche, j'ai été maire d'une commune avec un site Seveso 2, mais j'ai un questionnement qui reste sans réponse. Le réseau de service public de radio, qui s'appelle France Bleu maintenant, a pour mission légale d'être à la disposition des services de l'État pour passer ses messages en coupant tout autre type de communication.
Dans mon dispositif d'alerte, il a été dit : « Si vous entendez les sirènes ou la voix du maire avec son porte-voix dans les rues – je caricature à peine – écoutez le réseau France Bleu. Une fois que vous avez les informations, faites ce que vous devez faire ». La radio France Bleu, concernant l'accident industriel de Rouen, a parfaitement joué son rôle d'information en matière de communication journalistique et je ne critique pas les journalistes, mais je crois qu'il n'a pas émis de message officiel de la part de la préfecture et n'a pas coupé ses informations et autres outils de communication. La chaîne fonctionnait et diffusait des informations sur l'incendie, sur son évolution. Je n'ai pas connaissance de message officiel.
Il s'agit maintenant de faire un retour d'expérience. Sachant qu'évaluer les risques dans un périmètre éloigné d'un nuage toxique est un exercice difficile, surtout que l'on n'entend pas les sirènes à 25 kilomètres, peut-être est-il bon que l'État retrouve et actionne de nouveau ses vieux moyens parfois inutilisés ou oubliés afin que les gens puissent entendre une information et une communication officielle et pas des opinions ou des commentaires.
Deuxième chose, faut-il dans les PPI ou dans les DICRIM faire en sorte par protection, afin que tout le monde puisse être informé du risque éloigné et peu probable, que ces gens sachent que lorsque l'on est à 25 kilomètres de Rouen – il ne s'agit pas de fermer toutes les entreprises à risque parce que l'on n'aura plus beaucoup d'emplois – il faut avoir le réflexe d'écouter la « radio officielle » ? Dans ma commune, qui était dans le périmètre éloigné de la centrale nucléaire de Civaux, c'est ce qu'on nous dit de faire. Là, je n'ai pas eu le sentiment que la radio du service public ait été « réquisitionnée » pour informer la population. Même à 3 heures du matin, nous pouvons lancer les sirènes et si tout le monde sait que « Sirène égale radio », les gens iront chercher l'information. Je ne connais pas le processus de validation d'un message avant qu'il soit diffusé. Je ne sais pas comment France Bleu est organisée pour répondre à 3 heures du matin pour passer un message, mais je sais en revanche qu'ils ont des régimes d'astreinte. Il ne s'agit d'accuser personne, mais de faire progresser tout le monde. Si nous pouvions nous servir de cet accident industriel pour dire : « Sirène égale radio locale du service public », ce serait une sacrée avancée.
Sur les DICRIM intercommunaux, peut-être faut-il avoir des périmètres éloignés un peu plus larges et faire en sorte que tout le monde sache ce que cela signifie.