Monsieur le secrétaire d'État, dans le cadre de la réforme des retraites, le Gouvernement a annoncé une loi de programmation visant à revaloriser fortement les salaires des enseignants en milieu et en début de carrière, grâce à une enveloppe de 400 à 500 millions d'euros par an à partir de 2021, soit 10 milliards d'euros promis d'ici à 2037.
M. le ministre de l'éducation nationale a également annoncé qu'il lui semblait normal de saisir cette occasion pour rediscuter des conditions d'exercice du métier. Il déclarait ainsi, en décembre 2019 : « Nous sommes à la veille d'une transformation profonde en termes de politique de ressources humaines qui nous donne l'opportunité de résoudre des problèmes structurels dont les enseignants se plaignent depuis longtemps. De remettre le sens du métier et le bonheur d'enseigner au centre. Nous pourrons aborder les questions de la santé au travail, du logement, de la cessation progressive d'activité… »
Si j'approuve totalement ces propos, l'inquiétude des enseignants réside dans le fait que ce ne sont là, pour eux, que des paroles auxquelles ils ne croient plus, tant leurs conditions de travail se sont dégradées. Leur mal-être croissant tient à la piètre qualité de leurs conditions de travail, à des conditions d'accueil des enfants insatisfaisantes, à la précarisation du métier par le recrutement massif de contractuels et à la multiplication exponentielle des tâches qui leur incombent depuis que l'on est passé de la « différenciation » à l'« individualisation ». Autant de problèmes qui, bien que connus depuis plusieurs décennies, n'ont toujours pas trouvé de réponse.
De quoi parlons-nous exactement, dans la loi de programmation ? Comment les revalorisations financières individuelles seront-elles définies ? Les enseignants du premier degré n'ont ni primes ni possibilité d'effectuer des heures supplémentaires. Comment le Gouvernement pourra-t-il honorer sur le long terme une promesse aussi importante ? Enfin, monsieur le secrétaire d'État, pourquoi ne parler que de primes ou de compensations, qui peuvent ne durer qu'un temps, et refuser de dégeler le point d'indice, ce qui constituerait une solution pérenne ? Ce sont toutes ces questions sans réponse qui laissent les enseignants incrédules.