Intervention de Paul Molac

Réunion du mercredi 22 janvier 2020 à 9h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac :

Je comprends bien la préoccupation de notre collègue M. Benoit. La sociologie de ma circonscription, en Bretagne, est comparable à celle de la sienne : des gens durs à la tâche, qui travaillent parfois dans des conditions difficiles, marquées par des travaux pénibles. Ils finiront par se retrouver avec des retraites modestes, autour de 800 euros par mois ; ils s'estimeront heureux s'ils parviennent à 1 000 euros. Ces gens ont une réelle utilité sociale. Quand ils observent les rémunérations qui ont cours dans la haute fonction publique, et qui peuvent paraître très confortables – au-dessus de 15 000 euros mensuels –, ils s'interrogent. La lutte contre les inégalités sociales et de revenu est un enjeu que nous ne devons pas perdre de vue ; c'est en effet quelque chose qui mine notre société. Les gens dont je parle sont souvent très polis, ce qui fait qu'ils ne nous le disent pas. Les plus vindicatifs diront que les élites se gavent. Vous l'avez certainement entendu dans vos campagnes, et c'est peut-être pour cela que vous avez voulu faire une loi sur la moralisation de la vie publique. Des réponses ont déjà été apportées à cette question ; je crois que cette proposition de loi en est une de plus. Elle est bienvenue, car il s'agit d'argent public, qui vient des impôts – de tout le monde, donc, puisque tout le monde paie des impôts, ne serait-ce qu'à travers la TVA. Il me paraît tout à fait légitime de se poser ce genre de questions, tant certaines rémunérations peuvent paraître choquantes à des personnes dont les revenus sont très faibles.

Adam Smith, le père du libéralisme économique, disait qu'il était immoral qu'un patron gagne plus de douze fois ce que gagnent ses ouvriers. Que dire du degré d'immoralité atteint par les grands patrons aujourd'hui ! Ce n'est pas douze fois, mais cent fois ! Comment peut-on justifier que quelqu'un soit payé un million d'euros par mois en expliquant qu'il travaille beaucoup mieux que les autres ? Je dois avouer que je n'y crois pas un seul instant. Certes, nous n'en sommes pas là, mais la lutte contre les inégalités est quelque chose qui me paraît important.

C'est pour cela que nous soutenons la proposition de notre collègue M. Benoit. Un certain nombre de députés du groupe Libertés et Territoires ont formulé des propositions qui vont dans le même sens, et nous pensons que cela peut contribuer à la paix sociale et à la sérénité du pays.

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