Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas mesurer l'ampleur d'un drame comme celui-ci, on ne peut pas imaginer l'ampleur du vide et du vertige qui vous saisit. Parce qu'il m'est arrivé, comme à chacun d'entre vous, de rencontrer des hommes et des femmes ébranlés au plus profond de leur être par la perte d'un enfant, je mesure le caractère extrêmement sensible de la proposition de loi qui nous est soumise aujourd'hui.
Face à un tel drame, tout le monde n'a pas la même réaction : certains ont besoin de s'arrêter, quand d'autres sont pris dans une course en avant. Il faut, en tout cas, faciliter l'existence des hommes et des femmes qui y sont confrontés, en reconnaissant un droit à accuser le coup, ou à marquer le pas, un droit au temps du silence et au deuil.
Après la perte d'un enfant, on peut ne pas être en état de travailler. Il me semble donc important de réaffirmer, dans le même mouvement, que le recours au congé maladie n'est pas hors de propos. Il ne faudrait pas que ce congé de douze jours soit accordé pour solde de tout compte. Même si je ne crois pas que ce soit l'esprit de votre proposition de loi, il me semble important de le réaffirmer.
Lorsque la mort d'un enfant survient au terme d'une longue maladie, le traumatisme prend une autre dimension : je ne dis pas qu'il est plus important, mais il est différent, puisque les parents doivent aussi se remettre de toute la période pendant laquelle ils ont accompagné leur enfant. Il me semble donc nécessaire d'offrir un véritable accompagnement aux familles confrontés à la maladie d'un enfant : nous avons de grands progrès à faire sur ce sujet.