Mes chers collègues, avant de procéder à l'audition de Mme Marlène Schiappa, je souhaite vous informer de la décision du bureau de notre délégation, qui s'est réuni ce matin, de mettre en place un groupe de travail pour le suivi du projet de loi instituant un système universel de retraite qui doit être présenté vendredi en conseil des ministres. Le bureau a retenu les candidatures de Mme Sophie Panonacle et de Mme Marie-Noëlle Battistel, auteures en 2019 d'un rapport sur la séniorité des femmes, pour en coordonner les travaux. Tous les membres de la délégation sont invités à participer à ce groupe de travail, qui conduira des auditions et rédigera une contribution qui sera remise aux membres de la commission spéciale.
Sur le même sujet, le bureau a également décidé de la tenue d'une table ronde mardi prochain à dix-huit heures, ainsi que d'une réunion de restitution des travaux du groupe de travail, jeudi 30 janvier à dix heures.
J'en viens maintenant à l'ordre du jour de notre réunion. À l'occasion de cette nouvelle année, je suis ravie d'accueillir Mme Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, afin d'évoquer ensemble les sujets qui nous mobiliseront toutes et tous au cours des prochains mois.
J'en profite, madame la secrétaire d'État, pour vous présenter nos meilleurs voeux de réussite dans l'exercice de vos fonctions et dans l'accomplissement du travail que vous menez depuis deux ans et demi au sein du Gouvernement, afin d'abaisser le seuil de tolérance de la société face aux inégalités.
Nous ne manquerons pas, à vos côtés, de nous saisir de 2020 pour porter la diplomatie féministe dans les grands rendez-vous internationaux qui nous attendent, mais également pour poursuivre la lutte contre toutes les violences faites aux femmes – les violences physiques et psychiques, contre lesquelles nous avons musclé notre arsenal législatif depuis le début du quinquennat, mais aussi les violences économiques, sur lesquelles nous travaillons afin d'enrichir le projet de loi que vous préparez.
Je tiens également à vous remercier, madame la secrétaire d'État, pour l'engagement et le courage dont vous avez fait preuve dans la construction du Grenelle contre les violences conjugales. Un temps fort nécessaire, à la hauteur de l'urgence de la situation, qui a permis à l'ensemble de la société d'entendre la parole des victimes, des associations et des professionnels concernés, mais aussi de connaître enfin le 3919, dont vous allez sans doute nous dire un mot.
L'organisation de ce Grenelle a été une réussite, et il nous revient à présent de veiller à ce que les annonces du Premier ministre deviennent tangibles pour chacune des victimes. C'est d'ailleurs l'objet de la proposition de loi portée par nos collègues Bérangère Couillard et Guillaume Gouffier-Cha, et dont la délégation s'est saisie grâce au travail de Nicole Le Peih. Ce texte contient des mesures cruciales touchant au droit de visite et d'hébergement, à la médiation familiale, au secret médical, à la saisie des armes, aux cyberviolences ou encore à l'éducation affective et sexuelle, que la délégation soutient vivement et qu'elle enrichira certainement.
À l'instar du Gouvernement, la délégation s'est fortement mobilisée sur le sujet depuis le début de la mandature. Son engagement s'est cristallisé dans la production d'un Livre blanc exhaustif, intitulé « Briser le cycle des violences conjugales » et qui, je l'espère, servira à asseoir des politiques publiques ambitieuses à la matière, mais surtout à endiguer le fléau de ces violences. N'oublions jamais la réalité qui se joue derrière nos discours et nos textes.
Nous serions donc très intéressés, madame la secrétaire d'État, de vous entendre nous décrire les suites données au Grenelle, qu'elles soient de natures juridiques, budgétaires, ou encore éducatives.
Les violences faites aux femmes sont et demeurent l'expression d'une asymétrie de genre, qui constitue une sorte de creuset cristallisant le schéma matriciel de nos sociétés – à savoir des sociétés organisées autour de la domination masculine et patriarcale, qui nie l'intimité des femmes et, par extension, leur indépendance, leur autonomie.
C'est pourquoi, après avoir travaillé à mieux réprimer les violences, il convient de s'attaquer aux inégalités qui en découlent, qu'elles soient économiques, sociales ou culturelles. C'est ce que notre délégation veille à faire à l'occasion de l'examen de chacun des projets de loi présentés au Parlement, mais c'est plus précisément l'objet du texte sur lequel vous travaillez actuellement et dont vous avez présenté la feuille de route à l'occasion du G7 qui s'est tenu à Biarritz du 24 au 26 août 2019.
Il nous faut nous assurer que l'égalité entre les femmes et les hommes s'incarne réellement dans le quotidien de chacune et de chacun. Pour cela, les femmes doivent accéder au pouvoir économique en étant les actrices de leur propre carrière, les bâtisseuses du monde de demain, au même titre que les hommes. Je ne saurais que répéter les mots de Simone de Beauvoir à ce propos : « C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait de l'homme, c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. »
Or, à ce jour, trop d'inégalités sont encore constatées dans les instances dirigeantes des entreprises, dans les filières et les formations, ou encore dans les créations d'entreprises. Partant de ce constat, vous avez annoncé les contours de votre projet, qui comporte des objectifs multiples. Pourriez-vous nous indiquer où en sont les travaux du Gouvernement à ce stade ? En tout état de cause, je tiens d'ores et déjà à saluer la réussite de la consultation que vous avez lancée avec M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Elle participe, sans nul doute, à sensibiliser tout à chacun à cette problématique.
Enfin, nous souhaiterions également aborder la question de la diplomatie féministe de la France. En effet, la loi de finances pour 2020 a été l'occasion d'actes forts, constituant la traduction opérationnelle des engagements pris par le Président de la République lors du sommet du G7 de Biarritz en août dernier, avec le déploiement sur plusieurs années d'une politique d'aide au développement volontariste et inédite. Pour cela, le législateur a voté une très forte hausse des autorisations d'engagement (AE) du programme 110 « Aide économique et financière au développement », qui sont passées de 138,6 millions d'euros en 2019 à 767,8 millions d'euros en 2020. Pourriez-vous nous informer sur l'exécution de ce programme ?
Par ailleurs, pourriez-vous nous dire quelques mots sur l'organisation de la conférence Pékin+25 qui se tiendra à Paris en juillet prochain, et en particulier nous indiquer quels seront les messages portés par la France ?
Je vous remercie encore pour votre présence, madame la secrétaire d'État, et sans plus attendre, je vous cède la parole.