Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, pour vos réponses précises sur ces trois axes. Ce que vous exprimez, à savoir la libération de l'écoute, a été reprise en grande partie par des associations et des journalistes. Je la partage car il importe que chacun et chacune d'entre nous soit à l'écoute des victimes.
Je vous remercie également d'avoir cité la loi Copé-Zimmermann, issue des travaux de la délégation aux droits des femmes, et salue particulièrement Marie-Jo Zimmermann, qui l'a présidée. Avant de céder la parole à nos collègues, je souhaiterais revenir sur le projet de loi que Bruno Le Maire et vous-même préparez, qui comprend deux aspects relatifs aux inégalités économiques et à la place des femmes dans l'économie en général : ce qui relève des entreprises, d'une part ; ce qui a trait au choix des femmes, d'autre part.
Pour le premier, les quotas ou, plus largement, les contraintes, comme les prévoient les objectifs de la loi Pénicaud, que les entreprises doivent à présent atteindre, sont inévitables. Seuls 20 % des COMEX des entreprises du CAC40 sont composés de femmes, ce qui est insuffisant. Les opposants aux quotas évoquent le biais selon lequel les postes attribués aux femmes dans les COMEX ne visent que les ressources humaines ou la communication alors que les finances ou la gestion sont dévolues aux hommes. Anne Boring, responsable de la chaire pour l'entrepreneuriat des femmes de Sciences Po, montre régulièrement que cette répartition n'est pas avérée. Bien que leur nombre soit insuffisant, les femmes occupent bien certains postes en lien avec la finance.
S'agissant des choix effectués par les femmes, le rapport d'information sur les femmes et les sciences de Céline Calvez et Stéphane Viry a bien montré que la persistance des stéréotypes tant pour les filles que pour les garçons, parfois contraints à se diriger vers des milieux scientifiques ou techniques alors qu'ils souhaiteraient gagner des filières plus littéraires, conduit à une inégalité d'orientation, qui renforce les inégalités économiques. Certains pays, comme l'Algérie où les filières mathématiques comprennent autant de garçons que de filles, parviennent à orienter les femmes vers les milieux scientifiques. Nous devons donc nous pencher sur la répartition et l'orientation des femmes et des hommes. Les politiques publiques doivent prendre à bras-le-corps cette question.
Un dernier point me tient à coeur, comme à beaucoup. Il s'agit du congé parental car on sait qu'il pèse dans le choix des entreprises de recruter un homme ou une femme. Certaines ont tendance à considérer qu'une salariée, non seulement s'absentera quatre mois du fait de son congé maternité, mais aussi portera davantage la charge parentale, précisément en raison de cette absence. Il ne s'agit donc pas de sanctionner les hommes en les obligeant à prendre un congé maternité mais de leur ouvrir des droits sociaux nouveaux et de signifier aux entreprises que les hommes ont à prendre leur part de cette charge parentale, ce qui pourrait contribuer à équilibrer les recrutements des femmes et des hommes.
Il serait intéressant d'avoir votre point de vue sur ces trois points.
Enfin, notre collègue Fiona Lazaar, rapporteure d'une mission d'information sur la reconnaissance du terme de féminicide, m'a chargée de vous interroger sur ce point, notamment sur la définition que vous lui donnez, et si vous jugez utile et pertinent qu'il soit inscrit dans notre droit, en particulier dans le code pénal.