Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du jeudi 30 janvier 2020 à 15h00
Interdiction du cumul d'une pension de retraite et de certaines indemnités d'activité — Discussion d'une proposition de loi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Comment expliquer qu'un responsable politique ou un haut fonctionnaire qui a fait une belle carrière gagne plus une fois à la retraite que lorsqu'il était en activité, parce qu'il cumule sa pension et les indemnités afférentes aux fonctions dans lesquelles il a ensuite été nommé ? Ces indemnités se chiffrent en quelques dizaines de milliers d'euros : la situation est inexplicable. Nous proposons donc, avec l'article 1er, de mettre fin à un régime d'exception, que je qualifie même de privilège d'une autre époque.

Cela, nos concitoyens, tout comme moi, qui effectue mon troisième mandat de député, ne le supportent plus ! Lorsque je suis arrivé à l'Assemblée, en 2007, le sujet ne m'interpellait pas particulièrement. Avec l'expérience, j'en suis venu à penser qu'il était de ma responsabilité d'appeler l'attention de tous mes collègues députés, qu'ils soient anciennement ou nouvellement élus, sur cette question essentielle. Mon rôle est de les y sensibiliser, d'où la présente proposition de loi.

L'article 2 vise à encadrer les rémunérations, pour lesquelles il n'existe pas de grille au sein des AAI. La rémunération de leurs membres et présidents varie de un à dix. Je vous invite, mes chers collègues, si vous ne l'avez pas encore fait, à prendre connaissance du rapport de vingt pages sur la proposition de loi. Il présente les montants des rémunérations des présidents et des membres des autorités administratives et publiques indépendantes.

Vous découvrirez que certains membres bénéficient d'une rémunération supérieure à celle du Président de la République ! Initialement, j'avais fixé comme volume financier de référence le traitement de celui-ci. Les travaux de la commission m'ont conduit, avec l'administrateur de l'Assemblée, nos collaborateurs de groupe et mon collaborateur personnel, à adosser la rémunération des présidents d'autorité administrative indépendante à la grille indiciaire de la haute fonction publique. Ce point fait l'objet d'un amendement dont nous pourrons débattre tout à l'heure.

L'article 3 est relatif à la transparence : il prévoit la transmission aux deux chambres du Parlement du montant des rémunérations, traitements et indemnités de sujétion des personnalités et des présidents nommés dans ces administrations. Il a été satisfait par l'adoption de l'un de mes amendements au projet de loi de transformation de la fonction publique, aux termes duquel le Gouvernement publie chaque année, avec le jaune budgétaire adjoint au projet de loi de finances, un rapport précisant le montant des rémunérations des membres du Conseil constitutionnel, des autorités administratives et des agences de l'État. J'observe que le jaune budgétaire que nous avons reçu fin 2019 ne parle que des autorités administratives indépendantes, non du Conseil constitutionnel ni des agences de l'État. Il reste donc à mettre concrètement en oeuvre l'article issu de mon amendement.

Enfin, à celles et ceux qui m'objectent que ma proposition de loi est satisfaite car le Gouvernement va y pourvoir par voie de décret, je répondrai que ce décret aurait déjà dû être pris et était censé s'appliquer au 1er janvier. Nous sommes le 30 et il ne l'est toujours pas. De plus, ce n'est pas au Gouvernement de fixer les conditions de rémunération des présidents et membres des autorités administratives indépendantes, mais au pouvoir législatif, en particulier aux députés, représentants de la nation !

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