Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mardi 4 février 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Violences policières

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Deux morts, 315 blessés à la tête, 24 éborgnés et 5 mains arrachées : voilà le bilan de ce que certains appellent un « dialogue respectueux et républicain » !

Le « quota de bourdes journalières » explose : des journalistes, des manifestants, des syndicalistes, des étudiants, des retraités ont été blessés au cours des récentes manifestations. Même des pompiers se sont fait frapper – nous l'avons tous vu dans les images diffusées à la télévision. La répression des opposants à votre politique est de plus en plus virulente et disproportionnée.

Je pense, par exemple, à Irène, cette syndicaliste de la RATP qui vit à Montreuil et que je connais bien : elle a eu le crâne ouvert à la suite de coups de matraque qu'elle a reçus parce qu'elle avait simplement voulu ramasser son téléphone tombé à terre – les images de cette scène ont beaucoup ému.

Chaque manifestation nouvelle apporte son lot d'images choquantes : des crocs-en-jambe gratuits, des tirs de LBD – lanceur de balles de défense – à bout portant, des coups portés à des manifestants déjà à terre. Quand même ceux qui doivent faire respecter la loi l'outrepassent, le climat ne peut s'apaiser !

J'ai demandé l'année dernière l'interdiction des LBD et des grenades explosives, tout comme le Défenseur des droits, Jacques Toubon, mais vous vous êtes obstinés à maintenir leur usage, quitte à mettre en danger l'intégrité physique de nos concitoyens. Nous venons d'apprendre que les grenades GLI-F4 ne seront plus utilisées dorénavant en raison de l'épuisement du stock, mais d'autres matériels dangereux vont les remplacer…

Pour que le maintien de l'ordre puisse se faire de manière paisible, il faut que les consignes données aux forces de l'ordre soient proportionnées. Donner des ordres confus aux policiers afin de provoquer des tensions avec les manifestants est dangereux. La chaîne de commandement est la colonne vertébrale qui doit permettre un encadrement pacifique, auquel il est de la responsabilité du ministre de l'intérieur de veiller.

À ce jour, 212 enquêtes ont été ouvertes par l'IGPN – inspection générale de la police nationale – pour des soupçons de violences exercées par des fonctionnaires de police, notamment sur des gilets jaunes : 54 ont d'ores et déjà été classées sans suite et, à ma connaissance, une seule condamnation a été prononcée, celle, en décembre 2019, d'un fonctionnaire des CRS – compagnies républicaines de sécurité – pour le jet d'un pavé lors de la manifestation du 1er mai 2019. Des coups portés à des manifestants à terre, des tirs à bout portant, des jets de grenade à hauteur de visage : sauf erreur de ma part, rien de tout cela n'a été sanctionné à ce jour.

Le ministre de l'intérieur a déclaré : « Les échanges élèvent le débat, la violence le salit. » Il est temps de mettre fin à cette violence en redéfinissant les méthodes du maintien de l'ordre et en bannissant pour de bon les ordres violents et dangereux.

Le Président de la République a souhaité « des propositions claires pour améliorer la déontologie » et le contrôle de l'action des forces de l'ordre. Monsieur le secrétaire d'État, quelles sont donc vos propositions ?

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