Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du mardi 4 février 2020 à 15h00
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Depuis vendredi, le Royaume-Uni n'est plus membre de l'Union européenne. Sa sortie met fin à une relation de près d'un demi-siècle entre l'île et le continent, mais aussi, d'une certaine manière, entre la France et son proche voisin.

De la boue d'Hastings à la pluie d'Azincourt, en passant par les champs de bataille des Flandres, de la Somme ou de Dunkerque – où nous combattions cette fois côte à côte – , sans oublier les perches de Twickenham ni les milliers de pages de magazines sur papier glacé feuilletées, des liens indéfectibles nous unissent au Royaume-Uni. Si notre entente reste cordiale, force est de constater que nous sommes moins certains, aujourd'hui, de notre futur commun.

Cette incertitude est particulièrement prégnante en ce qui concerne la pêche, et plus particulièrement l'accès de nos marins pêcheurs aux eaux britanniques pour y pratiquer leur activité. Déjà, les marins pêcheurs normands se sont vu refuser ce week-end l'accès aux eaux de l'île anglo-normande de Guernesey, les autorités locales arguant du fait qu'un accord particulier régit la pêche dans l'île. Cette situation ne doit en aucun cas se reproduire à l'échelle de notre pays : l'accès aux eaux britanniques est vital pour nos marins pêcheurs – en particulier pour ceux de Calais et de toute la Côte d'Opale, qui réalisent 70 % de leurs captures dans les eaux territoriales britanniques.

Madame la secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, vous devez entendre le cri d'alarme des pêcheurs de la Côte d'Opale, de leurs familles et de toute une industrie : ce qui se produit en ce moment à Guernesey ne peut devenir demain la norme pour l'ensemble du Royaume-Uni. Alors que 92 % des pêcheurs britanniques ont voté en faveur du Brexit, la France ne peut pas laisser nos voisins penser une seule seconde que l'accès à leurs eaux ne serait qu'une clause accessoire de l'accord futur. Au contraire, l'accès aux eaux britanniques des navires de pêche européens doit constituer une des pierres angulaires de l'accord sur la relation future, et la France se doit d'être à la pointe de ce combat auprès de ses partenaires et de Michel Barnier, négociateur en chef de l'accord.

Député du Calaisis, je ne connais que trop bien les Britanniques. Bercé par l'histoire des bourgeois de Calais, vivant au quotidien l'échec de l'accord migratoire entre les deux pays, je vous le garantis : avec les Britanniques, il ne peut exister qu'une seule et unique méthode de négociation – le rapport de force.

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