Intervention de Jimmy Pahun

Séance en hémicycle du mardi 4 février 2020 à 15h00
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJimmy Pahun :

Ces discussions ont pour but de protéger la biodiversité marine et de renforcer notre résilience face au changement climatique par la création d'aires marines protégées et par l'encadrement du développement des activités économiques en haute mer. Elles visent également à mieux répartir les bénéfices tirés de l'exploitation de la haute mer. Il est donc indispensable que la négociation aboutisse à l'accord le plus ambitieux possible. La biodiversité marine est gravement attaquée ; l'océan perd sa capacité à réguler le climat.

Le rapport de l'IPBES – plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques – publié le 6 mai 2019 quantifie ces changements : près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers des mammifères marins sont menacés. De même, en 2015, 33 % des stocks de poissons marins étaient exploités à un niveau biologiquement non durable. En outre, 400 zones mortes – c'est-à-dire à faible teneur en oxygène, donc sans vie – ont été dénombrées dans le monde.

Les enjeux de la protection de l'océan ne se limitent pas à la perte de biodiversité. En effet, je l'ai dit, l'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat. Ces liens, insuffisamment connus du grand public, sont parfaitement mis en évidence par le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, dans son rapport de septembre 2019.

L'absence de gouvernance en haute mer interdit malheureusement toute gestion commune de ces grands défis – car, à deux cents milles nautiques des côtes, débute un espace situé hors de toute juridiction nationale, où la liberté est la règle et la coopération l'exception. La négociation doit remédier à cet état de fait en complétant la convention de Montego Bay sur le droit de la mer. Se pose par exemple la question des aires marines protégées en haute mer : comment les définir, où les situer et quel niveau de protection mettre en oeuvre ? Comment les administrer ? Ne pouvons-nous imaginer des aires marines que l'on déplacerait pour suivre la progression des grands migrateurs ?

La négociation au format BBNJ – Biodiversity Beyond National Juridiction – doit poser les jalons d'une nouvelle gouvernance. Elle manque cependant de visibilité dans le débat public du fait de sa grande complexité et mériterait d'être davantage présente dans les discours se rapportant à la mer. Plus encore, je plaide pour qu'elle soit relayée au plus haut niveau politique en France.

Lors des assises de la mer, à Montpellier, le Président de la République nous a enjoints de reconnaître la part maritime de notre destin. Le faire, c'est aussi assumer une responsabilité particulière : celle, dévolue aux grandes nations maritimes, d'être à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique et pour la préservation de la biodiversité marine.

Nous avons rédigé, avec les ONG et le monde maritime ici présent, une proposition de résolution destinée à appeler le Gouvernement à se saisir de la question au plus haut niveau. Je proposerai à l'ensemble de mes collègues de s'y associer, car je sais que la défense de l'océan nous réunit au-delà des étiquettes politiques. Cette unanimité doit faire notre force.

Les défis auxquels nous sommes confrontés sont urgents et immenses : il nous faut à la fois combattre toutes les formes de pollutions marines et lutter contre le réchauffement et l'acidification de l'océan, la montée des eaux et la surexploitation de ses ressources. Obtenir un accord ambitieux dans le cadre de la négociation BBNJ est, à ce titre, indispensable pour nos océans, bien commun de l'humanité.

Madame la secrétaire d'État, comment la France peut-elle s'engager davantage dans ce cycle de négociation, alors que celui-ci touche à sa fin ?

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