Intervention de Cyrille Isaac-Sibille

Séance en hémicycle du jeudi 6 février 2020 à 9h00
Questions sur les politiques de réponses aux personnels hospitaliers en grève

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrille Isaac-Sibille :

Madame la ministre, permettez-moi de vous poser une question que j'avais déjà formulée il y a quelques semaines lors d'une séance de questions au Gouvernement.

Le malaise dans les hôpitaux est grand, et dû à de nombreuses causes. Vous avez répondu aux causes matérielles : vous êtes la ministre qui a apporté une reconnaissance salariale, grâce à l'octroi de primes spécifiques, qui a augmenté les tarifs hospitaliers, qui a donné une enveloppe pour les investissements du quotidien et qui a réduit la dette des hôpitaux.

Le malaise est aussi lié à des causes organisationnelles. À ce sujet, vous nous avez proposé l'année dernière une loi particulièrement intéressante. J'en profite pour vous remercier de votre appui concernant la proposition de loi que j'ai déposée au sujet des points d'accueil pour soins immédiats.

Mais le malaise des hôpitaux est aussi lié à une perte de sens pour les personnels qui y travaillent. Cette perte de sens a, elle aussi, de nombreuses causes. Nous avons tous deux travaillé dans les hôpitaux. Depuis vingt ans, tous les personnels soignants constatent une suradministration de l'hôpital public, qui étouffe son fonctionnement. Les chefs de service démissionnent de leurs fonctions administratives, quand ils ne démissionnent pas tout court pour aller exercer dans les établissements privés.

Que reste-t-il des infirmières en chef, que nous appelions cheftaines et qui, en blouse blanche, travaillaient au coeur de leur équipe ? Elles sont maintenant appelées cadres de santé, s'habillent en civil, loin des malades, et passent leur temps en réunion ! L'hôpital ne souffre pas seulement d'un manque de moyens, mais aussi d'un problème d'allocation de ces moyens.

Selon les données de la DARES – direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques – , qui est un service de votre ministère, les hôpitaux publics comptent deux fois plus de personnel administratif et non-soignant que de médecins ! Selon certains chiffres, cette suradministration coûterait 5 milliards d'euros aux hôpitaux, somme colossale qui pourrait être redéployée vers le personnel soignant.

Comment l'axe organisationnel de votre plan « investir pour l'hôpital » se traduira-t-il concrètement ? Permettra-t-il de lever cette chape administrative afin de remobiliser les forces extraordinaires de nos hôpitaux, qui sont en quête de sens ?

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