Intervention de Marie-Noëlle Battistel

Séance en hémicycle du jeudi 6 février 2020 à 9h00
Questions sur les politiques de réponses aux personnels hospitaliers en grève

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Noëlle Battistel :

Augmentation sensible du nombre de passages aux urgences, rythmes de travail soutenus, bas salaires, vieillissement de la population, absence de création de postes supplémentaires, patients traités sur des brancards et dans les couloirs pendant plusieurs jours, fermetures de lits et développement tous azimuts de l'ambulatoire : voici le tableau malheureux de la situation de l'hôpital public en France. Il a été la grande révolution de l'après-guerre. Il est au XXe siècle ce que l'école publique a été au XIXe, tous deux étant facteurs de progrès incommensurables pour notre société. Pourtant, ce bien commun risque aujourd'hui l'effondrement.

Je pense notamment au CHU de Grenoble – malheureusement pas un cas isolé – , qui se trouve dans l'incapacité d'assurer l'accueil de patients en urgence dans de bonnes conditions. La moitié des lits de l'unité d'hospitalisation de courte durée sont fermés en raison d'une pénurie de médecins dangereusement chronique. C'est l'égalité d'accès au service public et le droit à la santé qui sont directement menacés.

Madame la ministre, je vous sais attentive à cette situation. Vous avez d'ailleurs pris une série de mesures, s'agissant notamment de la dette de l'hôpital public ou de l'octroi de primes. Mais le plan « ma santé 2022 », dont les mesures seront pleinement effectives en 2022, suffira-t-il à répondre urgemment à la situation dramatique de l'hôpital public ? L'octroi de primes permettra-t-il à lui seul de redonner un second souffle pour les décennies à venir ?

Il y a cinquante ans, nous étions en avance en matière de soins et de santé. Nous sommes désormais en retard : nous consacrons seulement 3,6 % du PIB à l'hôpital public, contre 4 % en moyenne en Europe, alors qu'en termes de rémunération des personnels paramédicaux, la France se classe vingt-sixième sur vingt-neuf parmi les pays de l'OCDE. Au-delà des primes, c'est une solution pérenne qui doit s'imposer.

Nous avons également besoin de sortir d'une logique purement financière et comptable qui considère le patient uniquement comme un produit financier. Vous souhaitez une réforme de la tarification : quelles solutions allez-vous apporter pour corriger les errements actuels ?

Les mesures adoptées jusqu'ici sont insuffisantes : preuve en est la colère qui ne faiblit pas et la démission, ce mois-ci, de plus de 1 000 chefs de service de l'hôpital public. Ils demandent des recrutements, des ouvertures de lits.

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