Je m'en voudrais de troubler ce dialogue entre La France insoumise et la majorité, aussi ne m'autoriserai-je que deux ou trois mots. Pour commencer, contrairement à ce que l'on nous soutient, la productivité du travail ne progresse plus dans la plupart des grands pays, et depuis pas mal de temps. Ensuite, la répartition entre le travail et le capital est à peu près stable, quoi que vous en pensiez. Enfin, le nombre d'heures de travail par habitant est chez nous est un des plus bas du monde. Et cependant, les Français partent à la retraite à un âge raisonnable et bénéficient d'un des systèmes les plus redistributifs du monde. Et le peuple français serait à vous croire le plus malheureux de la terre ! N'y a-t-il pas là quelque paradoxe ?
Les solutions que vous proposez, monsieur Mélenchon, sont des voies sans issue et vos amendements, 19 000 chimères. Vous nous parlez de Marie, de Pierre ou de Jean, qui travailleront beaucoup et partiront sans doute beaucoup trop tard ; mais Marie, Pierre ou Jean, comme nous-mêmes, travaillent 35 heures par semaine et ont droit à cinq semaines de congés payés, ce qui n'est pas le cas dans bien des pays. Cessons donc de noircir le tableau !
Nous parlons juste de l'âge de départ à la retraite ; nous pourrions nous réjouir en consacrant que nous vivons tous plus longtemps, parce que nous vieillissons tous plus longtemps, et en bonne santé pour la plupart. Et pour ceux dont ce n'est pas le cas, il existe des dispositifs pour les carrières longues, pour la pénibilité, etc. La France est un des pays où les écarts sont les plus faibles, avant et après redistribution, et c'est tant mieux. Je ne nie pas qu'il faille faire progresser davantage la justice sociale, je dis qu'elle existe et qu'en aucun cas cela justifie que l'on s'exonère d'un financement raisonnable et durable.