Ce que vous proposez n'est pas un système universel, et nous n'avons de toute façon pas besoin d'un système universel pour régler la question des retraites. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un système équilibré sur le plan financier et qui traite les gens de la même manière sur une partie de la rémunération. Nous avons besoin des systèmes complémentaires ; il n'y a donc aucune raison de les supprimer – ni eux, ni les systèmes autonomes. C'est donc une réforme assez inutile, en tout cas inutilement provocatrice pour certaines professions, que vous nous proposez.
Nous avons besoin d'un système universel qui couvre une partie de la rémunération, peut-être à hauteur d'un plafond, en laissant vivre ensuite les différences entre les professions. L'idée de base de votre réforme, consistant à dire qu'il faut simplifier le puzzle incompréhensible constitué par les quarante-deux régimes, est une idée fausse : en réalité, cinq ou six régimes, sept tout au plus, couvrent 95 % de la population, et le reste n'a rien de systémique – les cinq ou six régimes en question ne le sont d'ailleurs pas tous.
Il suffisait de faire converger un certain nombre de règles et sans doute, comme nous le proposons, de faire fusionner le public et le privé jusqu'à un plafond – et éventuellement au-delà – et de régler ensuite la question des régimes spéciaux dans une transition d'une durée acceptable, et non pas interminable comme celle prévue par le texte. À partir du moment où vous augmentiez l'âge de la retraite, vous aviez un système capable de vivre pendant longtemps, et de plus en plus juste. Vous avez, au contraire, fait le choix de bâtir votre système sur quelque chose d'inexplicable, qu'aucun Français ne peut s'approprier. Il n'y avait aucune raison de provoquer de nombreuses catégories de nos concitoyens, comme vous l'avez fait. La retraite, c'est tout de même le reflet des carrières, et nous regrettons que l'ayez perdu de vue.