Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du mardi 11 février 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Déchets nucléaires à moruroa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

« Ceci est une prière ! Oh, l'amour de mon pays, Dont le flot sans relâche a baigné ma jeunesse, En son âge le plus tendre ! Qu'il oigne encore mon corps tout mortel, Et vive cet amour ! Vive ! Vive ! Vive encore et toujours ! Qu'il vive et abreuve ma terre natale, Pour que fleurissent en leur essaim Les enfants de ce sol, Enfants de mon pays. »

Ces vers sont extraits du recueil Pehepehe i taù nunaa – Message poétique à mon peuple – , dont l'auteur, Henri Hiro, est une icône de la culture polynésienne, un farouche opposant aux essais nucléaires et un amoureux de sa terre.

Ils sont tout particulièrement d'actualité à la veille du sommet France-Océanie, organisé conjointement avec le One Planet Summit à Tahiti du 16 au 18 avril prochains. Non loin de là se trouvent deux îles géographiquement situées en Polynésie, mais légalement propriété de l'État français : Moruroa et Fangataufa.

Moruroa est une île basse, un atoll où se trouvent des déchets nucléaires français attendant patiemment de contaminer l'océan Pacifique Sud, sitôt que l'île se sera effondrée en raison des fissures provoquées par les essais nucléaires souterrains, ou que l'érosion aura provoqué le même résultat. Le respect du principe de précaution voudrait que l'État n'attende pas cet effondrement pour agir, alors même que le Président de la République présidera le One Planet Summit qui y sera bientôt organisé, en présence de nos voisins du Pacifique, tous concernés au premier chef.

Par-delà la responsabilité de l'État, il s'agit également d'une opportunité d'innovation. En effet, la question du retrait des déchets radioactifs des sites d'expérimentation et de leur traitement se pose, et ne va pas aller en s'amenuisant. Les 193 essais nucléaires menés en Polynésie française sous l'égide du Commissariat à l'énergie atomique – CEA – ont contribué à la création d'un géant du nucléaire civil. Cet organisme, que M. le Premier ministre connaît bien, a acquis la maîtrise des techniques de nettoyage et de confinement des déchets radioactifs.

Dès lors, ma question est simple : le Gouvernement compte-t-il attendre, la tête dans le sable, que cet atoll menacé, massacré pour la grandeur de la France, ne s'écroule et répande ses entrailles irradiées dans l'océan Pacifique ? Ou compte-t-il s'engager à débarrasser une fois pour toutes Moruroa de ses déchets radioactifs ? Maruru ro'a te aroha ia rahi !

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