Intervention de Didier Guillaume

Séance en hémicycle du mardi 11 février 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Désertification vétérinaire en zone rurale

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Madame la députée, vous connaissez bien ces sujets, vous qui êtes élue d'un département très rural où vous constatez, année après année, la raréfaction des vétérinaires, en particulier des vétérinaires ruraux.

Il faut tout d'abord rappeler qu'il ne faut pas opposer les vétérinaires de ville aux vétérinaires ruraux, ce que vous n'avez d'ailleurs pas fait. Nous avons effectivement besoin des uns et des autres et, à l'avenir, il faudra avancer vers plus de travail commun.

Le maillage vétérinaire en territoire rural est un sujet très important, que je suis avec une vigilance particulière, comme le ministère le fait depuis des années. Cette présence est déterminante dans le dispositif de sécurité sanitaire, de sécurité animale et de santé publique. Elle figure d'ailleurs parmi les 200 actions de l'agenda rural défini par la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, et que vous soutenez, madame la députée.

La situation a déjà été prise en compte, et le ministère a mis en place des stages tutorés de dix-huit semaines en cinquième année d'école vétérinaire. Fruits d'un partenariat entre écoles et cabinets vétérinaires, ces stages ont vocation à orienter les étudiants vétérinaires vers les productions animales. En effet, nous avons besoin de les inciter à se diriger vers ce qui n'est pas la facilité, mais l'intérêt de la profession et des éleveurs. À ce jour, environ quatre-vingts étudiants ont pu bénéficier de ces stages et du financement du ministère de l'agriculture et de l'alimentation. À l'issue de leurs études, 95 % d'entre eux ont fait le choix d'exercer en production animale. L'initiative, à laquelle je tiens beaucoup et que je souhaite continuer à soutenir, porte donc ses fruits.

La situation en zone rurale est la même que pour les médecins, même si c'est ici les vétérinaires qui nous importent. En 2019, j'ai annoncé avec Frédérique Vidal la création d'une nouvelle voie d'accès aux écoles nationales vétérinaires pour les classes de terminale. Nous voulons vraiment mettre le paquet sur ce mode supplémentaire de recrutement post-bac : 160 places seront disponibles, qui diversifieront le recrutement des grandes écoles en permettant aux élèves ayant de bons résultats scolaires d'y accéder sans passer par une classe préparatoire.

Des réflexions se poursuivent autour d'autres leviers, notamment celui qui consiste à assurer la pérennisation de la relation entre éleveurs et vétérinaires sur le plan technique et financier. Des discussions sont en cours, et je parle régulièrement avec les organisations professionnelles agricoles et les vétérinaires du principe d'une contractualisation intégrant l'obligation de soins, le suivi sanitaire du troupeau et le partage des données sanitaires. Si ce n'est pas le travail premier des éleveurs, il faut, pour l'instant, pallier l'absence de vétérinaires en zone rurale. Des initiatives locales ont déjà vu le jour et fonctionnent, comme l'élaboration de chartes de bonnes pratiques. Il faut également permettre aux collectivités territoriales d'instaurer des mesures incitatives pour encourager et maintenir l'installation de vétérinaires en zone rurale : tout comme il existe des maisons de santé, il peut y avoir des aides pour créer des maisons de vétérinaires. Grâce au déploiement des nouvelles technologies de l'information de la communication, il faut également développer la téléconsultation, en particulier dans les zones reculées car, comme vous l'avez très bien dit, il y a parfois beaucoup de kilomètres et d'heures de route pour le vétérinaire.

C'est sur ces bases, madame la députée, que le ministère étudie les mesures législatives et réglementaires qu'il conviendrait de prendre pour conforter l'exercice du vétérinaire rural. Je crois vraiment que nous avons besoin de tous nous mobiliser dans cette direction : si nous voulons maintenir l'élevage dans ce pays, il faut qu'il reste des vétérinaires. La contractualisation peut permettre de pallier leur absence, le temps que nous renforcions les effectifs.

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