Intervention de Didier Guillaume

Séance en hémicycle du mardi 11 février 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Gouvernance de la forêt française

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Les députés ont toujours raison de poser les questions de leur choix, mais la vôtre revêt une pertinence accrue car elle intervient au moment où la forêt française se situe à un tournant. Nous devons prendre en charge collectivement cette situation : les communes forestières, les propriétaires, les parlementaires et le Gouvernement, mais aussi tous ceux qui sont concernés en aval, puisque la filière industrielle est très importante.

Vous évoquez les scolytes : leurs attaques constituent la première cause du tournant auquel la forêt française est confrontée. Elle est malade, scolytée : la situation est gravissime. Nous avons adopté un plan d'urgence doté de 6 millions d'euros, afin d'enlever les bois scolytés. Vous connaissez mieux que quiconque la situation de la forêt : la tâche est rendue plus ardue encore par la multiplication de petites parcelles, dont certaines sont détenues par des personnes qui ignorent même en être propriétaires. L'enlèvement des bois scolytés, qui constitue la première partie du plan, doit absolument être mené à bien.

La seconde partie, dotée de 10 millions d'euros, vise à instaurer une réflexion de long terme sur l'avenir de la forêt. Lors du dernier comité stratégique de la filière bois, j'ai demandé que l'ensemble de la filière nous transmette ses propositions. Nous devons en effet concevoir une forêt plus résiliente au changement climatique. Il faudra probablement, en particulier, changer certaines essences résino-feuillues. Les récents rapports du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – GIEC – indiquent d'ailleurs que la forêt constitue un puits de carbone sans fond, aux propriétés exceptionnelles, comme les sols lorsqu'ils sont couverts. À cet égard, la forêt française n'est pas exploitée à la hauteur de tout son potentiel.

En outre, les possibilités de développement sont considérables. Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 en offrent une belle illustration : les bâtiments du village olympique, y compris les hauts immeubles, seront construits en bois, préfigurant les constructions de demain. La future réglementation environnementale sur les bâtiments neufs devrait nous aider en ce sens.

La stratégie bas carbone, qui fait l'objet d'une consultation, comportera aussi des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Vous m'avez par ailleurs interrogé sur l'ONF, qui est effectivement en souffrance. Un nouveau directeur général a été nommé ; nous travaillons à combler l'énorme déficit pour que l'ONF redevienne ce qu'il doit être, c'est-à-dire un office public, capable de rayonner et de travailler avec l'ensemble des acteurs, notamment, j'y tiens beaucoup, le Centre national de la propriété forestière.

Enfin, le plan relatif à la forêt doit permettre de définir l'avenir que nous voulons, en ce domaine, pour ce qui concerne l'aval. Des grumes partent à l'étranger et reviennent sous forme de meubles que nous achetons : ce n'est pas admissible. Nous devons développer une véritable filière stratégique de scierie et d'ameublement : il n'y a aucune raison pour que le bois français ne soit pas scié, tranché et transformé en France, et ce faisant pour qu'il constitue un circuit court, au bénéfice des Français.

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