J'ai été interpellée par certains enseignants du lycée Porte-Océane du Havre, inquiets quant à l'avenir de leur établissement, lequel connaît une baisse régulière de ses effectifs, donc du nombre de classes et d'enseignants. Plus globalement, ces professeurs, soutenus par de nombreux parents d'élèves, connaissent un sentiment d'abandon dont je me fais le relais.
Cette baisse régulière et continue a des conséquences, selon eux, sur la qualité de l'enseignement. La démographie l'explique partiellement, mais elle est aussi la conséquence de la carte scolaire. Les élèves sont notamment issus de collèges relevant de l'éducation prioritaire, qui envoient proportionnellement peu d'élèves en seconde générale.
D'autre part, le public accueilli connaît souvent des difficultés et ne possède pas toujours les codes attendus, ce qui oblige parfois les enseignants à de gros investissements pédagogiques et suscite des interrogations dans les familles de centre-ville. On constate en effet une déperdition du nombre d'élèves inscrits par rapport au nombre de collégiens du secteur. Ainsi, les élèves issus de collèges REP et REP+ – près de 80 % des élèves – sont surreprésentés. De plus, la part de l'enseignement professionnel, plus de 70 %, dépasse de très loin la moyenne académique, tout comme le pourcentage d'élèves qui arrivent en seconde avec au moins un an de retard.
Selon eux, cette composition de l'effectif nécessite une meilleure prise en charge, grâce à des moyens élevés, notamment des classes à petits effectifs favorisant les activités pédagogiques adaptées. Avec le maintien de la troisième classe de première, les effectifs resteraient à vingt ou vingt-deux élèves par classe, au lieu de trente-cinq avec deux classes : ce serait, par là même, reconnaître l'adaptation du métier d'enseignant aux publics accueillis. Il devient donc nécessaire et urgent de travailler à une meilleure répartition des effectifs sur le bassin, en menant une véritable réflexion sur les établissements d'affectation.
Plus largement, face à la baisse constante et importante des effectifs, les interrogations portent sur une fermeture à terme de ce lycée. Il serait donc pertinent de réfléchir à une politique volontariste des affectations des élèves havrais, en se gardant de toute crainte excessive quant aux demandes d'appel des familles. Il convient également d'entamer une réflexion approfondie sur la carte des formations au Havre, avec une éventuelle redistribution fondée sur des pôles de compétences plutôt que sur des formations éparpillées.
Enfin, il faudra probablement travailler à la reconnaissance des besoins spécifiques du public accueilli dans le lycée : évaluer les moyens, les critères et les objectifs à atteindre, par exemple l'obtention du baccalauréat en quatre ans.
Pour la deuxième année consécutive, une classe de seconde a fermé en juillet, ce qui a posé des problèmes d'organisation puisque des emplois du temps ont dû être refaits dans l'urgence, parfois au mépris des projets pédagogiques déjà menés par les enseignants. Une classe de première pourrait, à la suite de cette décision, fermer à la rentrée prochaine.
Afin d'anticiper d'éventuelles difficultés d'organisation en plein été, il convient de rassurer les équipes en les recevant dès maintenant afin de ne pas les mettre devant le fait accompli. Ce procédé permettrait de générer moins d'angoisse, de préparer et de travailler en amont avec les équipes. Merci d'éclairer les équipes en places quant aux actions qui pourraient être engagées pour répondre à leurs inquiétudes.