Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du mardi 11 février 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Établissements scolaires en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

C'est un cri d'alarme que je vous adresse aujourd'hui, monsieur le secrétaire d'État. Une fois de plus, car les appels au secours se succèdent. Parlementaires, élus locaux, syndicats, personnels, enseignants, parents d'élèves ne cessent de tirer la sonnette d'alarme concernant la situation des établissements scolaires de Seine-Saint-Denis, et rien ne change. Bien au contraire : tout empire.

Des personnels de l'éducation nationale, des élèves de nos établissements meurent aujourd'hui en Seine-Saint-Denis, dans ma circonscription, à Aubervilliers et à Pantin. Je répète, tant cette réalité est effrayante, inconcevable, inacceptable : ils meurent ! Je pense à Christine Renon, directrice de l'école maternelle Méhul à Pantin, qui s'est donné la mort dans les locaux de son école en septembre dernier, parce qu'elle n'en pouvait plus. Je pense à Kewi Yikilmaz et Djadje Traoré, élèves au lycée d'Alembert à Aubervilliers, morts des suites de deux agressions, en octobre et novembre dernier. Trois morts en trois mois !

Loin d'être des épisodes singuliers, isolés, ces drames indicibles sont les conséquences d'une situation d'urgence aiguë, quotidienne, qui touche un grand nombre d'établissements du département. Tout craque quand les bâtiments sont délabrés ou que l'on manque de locaux pour accueillir les élèves. Ainsi, Aubervilliers aurait cruellement besoin d'un cinquième lycée. Les moyens matériels sont dramatiquement insuffisants : le moins bien doté des établissements parisiens est mieux doté que celui qui l'est le plus en Seine-Saint-Denis.

Les enseignants et les personnels administratifs, les conseilleurs principaux d'éducation, les médecins scolaires, ne sont pas assez nombreux : chaque élève de collège du département perd trois semaines entières de cours par an du fait des absences de professeurs, non remplacés faute d'enseignants. Vos réformes précipitées ont désorganisé le travail des personnels et la scolarité des élèves ! Vous ne parvenez plus à les imposer que par la force : la semaine dernière, cinq élèves ont été gardés à vue à Pantin parce qu'ils protestaient contre les E3C, les épreuves communes de contrôle continu !

Le dévouement admirable des enseignants, des personnels, des parents d'élèves ne suffit plus. Les moyens manquent à tous les niveaux, dans un département qui est négligé alors qu'il devrait être prioritaire. Et les responsables en haut lieu font la sourde oreille.

Christine Renon le disait dans la bouleversante lettre publique qu'elle a laissée avant de mettre fin à ses jours : « Je n'ai pas confiance dans le soutien et la protection que devrait nous apporter notre institution. » Le rectorat de Créteil est aux abonnés absents ou cherche à « ne pas faire de vague » – ce sont les mots de Christine Renon, là encore. Quand le Premier ministre annonce des moyens supplémentaires pour réaliser les travaux indispensables de dédoublement des classes, ils se résument à 20 millions d'euros sur dix ans, soit à peine le coût d'un seul collège. De qui se moque-t-on ?

Quand agirez-vous vraiment pour répondre aux appels des communautés éducatives de la Seine-Saint-Denis ? Quand débloquerez-vous enfin les moyens nécessaires pour lancer un grand plan d'urgence en faveur de l'éducation dans le département ?

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