L'article unique de cette proposition de loi dispose : « En hommage aux victimes du drame national de Furiani, aucun match de football des championnats professionnels de la Ligue 1, de la Ligue 2 et de la Coupe de France n'est joué à la date du 5 mai ».
La date de la catastrophe de Furiani est indiscutablement douloureuse pour les Corses et pour l'ensemble du monde du football français. Personne ne peut oublier les victimes, leurs familles et leurs proches. Outre l'absence de match les samedis 5 mai, comme le prévoit l'accord conclu en 2015 entre le secrétariat d'État en charge des sports, le collectif des victimes, la fédération française de football et la LFP, une démarche de commémoration active a été engagée. Elle s'est notamment traduite, le dimanche 5 mai dernier, par l'organisation d'une minute de silence dans les stades où des rencontres de la Ligue 1 avaient lieu.
Le devoir de mémoire a vocation à être amplifié et pérennisé, mais le gel des matchs le 5 mai ne nous paraît pas la mesure la plus à même de rendre hommage aux victimes. Il faudrait plutôt rappeler ce qui s'est passé à travers une série d'actes symboliques – faire porter un brassard noir à toutes les personnes jouant un match en France, imposer une minute de recueillement avant le début des rencontres, diffuser un film et faire défiler les noms des victimes sur les écrans géants des stades ou encore obtenir des diffuseurs, en les sensibilisant, qu'ils relaient des messages.
Des dispositions harmonisées et étendues au football amateur permettraient d'apporter un éclairage utile à la tragédie de Furiani et de rendre hommage activement à la mémoire des victimes. Sur ce plan, j'observe que la rédaction actuelle de la proposition de loi ne couvre que la Ligue 1, la Ligue 2 et la Coupe de France. Un match européen ou international qui se déroulerait un 5 mai en France ne serait donc pas concerné.
La commémoration est la logique privilégiée dans le monde entier jusqu'à présent. Au Royaume-Uni, la catastrophe de Hillsborough – qui a été l'une des plus graves de l'histoire du football et du sport en général –, est commémorée tous les 15 avril par un décalage du début des rencontres de sept minutes, ce qui correspond au temps qui s'était écoulé entre le début du match et son interruption. L'article unique de la proposition de loi pourrait s'inspirer de ce qui est fait à l'étranger en décidant que le 5 mai devient une journée nationale de commémoration. Ainsi, un hommage aux victimes serait organisé à l'occasion de chaque rencontre de football ayant lieu à cette date.
Cependant, le groupe Socialistes et apparentés ne s'opposera pas à ce texte.