Merci, chers collègues, de m'accueillir dans votre commission. Cette proposition de loi de Michel Castellani a une résonance particulière pour les membres du groupe Libertés et Territoires. Nous l'avons inscrite à l'ordre du jour du séminaire que nous avons organisé en mai dernier, à Bastia – précisément au stade de Furiani, où il y a eu une rencontre entre l'équipe de football des parlementaires et une équipe d'élus de Corse.
Les habitants de Bastia, les Corses et tous les amoureux du football se souviennent du 5 mai 1992, des 19 morts et des 2 357 blessés, qui étaient venus par amour du football et pour soutenir leur club pendant la demi-finale de la Coupe de France, face à l'Olympique de Marseille – mon club de coeur. Pendant la précédente législature, j'ai accompagné Avi Assouly, qui a été député mais aussi journaliste. Présent dans la tribune, il a été l'un des plus graves blessés lors de son effondrement. Trente ans plus tard, la cicatrice est encore vive dans les mémoires – nous le sentons bien dans les interventions des uns et des autres. Nous ne pouvons pas effacer ce drame, mais nous pouvons nous assurer de ne pas l'oublier, de ne pas recommencer. Nous avons, plus encore qu'un devoir de commémoration, un devoir de protection.
Le drame de Furiani aurait pu être évité : c'est une tribune construite à la hâte qui s'est effondrée. Il s'agissait d'accueillir plus de monde et de vendre plus de places, autrement dit de faire plus de bénéfices. C'est à cause de l'avidité que tant de personnes sont mortes et que tant d'autres vont souffrir toute leur vie. Au-delà de ce qui s'est passé en Corse et du football, nous devons prendre conscience, collectivement, du danger qui résulte du primat des intérêts économiques et de la recherche du profit dans le monde sportif.
Un audit des infrastructures a permis de changer la situation, et le Président François Mitterrand a émis le souhait que plus aucun match ne se déroule en France le 5 mai. Thierry Braillard a ensuite décidé, en 2015, qu'aucun match n'aurait lieu les samedis 5 mai.
La principale raison avancée par les instances du football français pour refuser la sanctuarisation de cette date est que cela déréglerait le calendrier. Je pense que nous devons nous donner les moyens d'aller au-delà. Le drame de Furiani ne se résume ni à la Corse – il s'agit d'un drame national – ni au football : c'est la question du vivre ensemble qui est posée.
Afin de rendre hommage aux victimes de Furiani, de lutter contre le non-respect des règles et la cupidité qui ont causé tant de morts dans le monde du spectacle sportif ou culturel, et de continuer à protéger nos concitoyens – vous avez rappelé les victimes des 24 heures du Mans –, nous devons faire du 5 mai une date symbolique, comme il en existe déjà d'autres. C'est pourquoi je vous invite à adopter la proposition de loi.