Vingt-huit ans que ce moment est attendu ; vingt-huit ans que les Corses aspirent à ce que ce drame soit reconnu par la communauté nationale ; vingt-huit ans à attendre que l'engagement de François Mitterrand soit respecté ; vingt-huit ans depuis que chacune et chacun, concerné de près ou de loin par l'histoire de la Corse, qu'il soit sur place ou bien, comme moi-même, devant sa télévision, s'est trouvé à attendre de savoir si son frère, sa soeur, son cousin, son père ou sa mère était touché par le drame qui se déroulait sous ses yeux ; vingt-huit ans depuis ce premier exemple d'un drame uniquement causé par le rôle de l'argent dans le monde du football ; vingt-huit ans depuis que ce drame national a brisé des dizaines et des dizaines de familles. Il n'est pas quelqu'un lié familialement avec la Corse qui n'ait pas été affecté ce jour-là.
Des débats ont eu lieu, Mme la ministre l'a rappelé, sur le caractère législatif de la disposition qui nous est aujourd'hui proposée. Mais la question soulevée par Michel Castellani et ses collègues du groupe Libertés et territoires, que je tiens à remercier pour leur initiative, c'est celle de la capacité de la République dans son ensemble à reconnaître qu'une faute a été commise et que, même si un tel drame aurait pu toucher un autre territoire de la communauté nationale, ce sont les Corses qui en ont été victimes. Il doit aussi être consacré aujourd'hui que cela ne doit pas se reproduire, et la disposition proposée y contribue.
Mes chers collègues, ce drame, celui d'une île dans son ensemble, doit aussi nous amener à nous interroger sur les liens que nous devons entretenir avec la Corse. Elle a une histoire. Elle ne veut pas être seulement appréhendée comme un paradis dans lequel on se rend l'été pour se faire bronzer. La Corse doit être envisagée dans sa globalité, avec ses richesses, ses forces, ses femmes et ses hommes qui ont tant contribué, notamment par la place qu'ils ont prise dans les administrations et dans l'action publique, à façonner notre histoire. La France ne serait pas tout à fait ce qu'elle est sans leur travail, sans leur inventivité collective.
Je veux aussi saluer aussi les représentants du collectif des victimes présents aujourd'hui dans les tribunes : mesdames, messieurs, c'est parce que vous vous êtes battus au cours de ces années que ce texte verra le jour !