Nos langues représentent une richesse – vous le reconnaissez, monsieur le ministre – qu'il faut préserver et diffuser. Leur situation est très inégale. Il y a quelques éléments positifs, en particulier pour le basque qui profite de la proximité d'une région où cette langue est parlée couramment. Mais ne nous leurrons pas : il y a aussi des difficultés ; le classement de l'UNESCO est inquiétant et révélateur de bien des problèmes. Même de très belles langues – tel l'alsacien, en dépit de la proximité avec le monde germanique – sont moins parlées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient hier. Il faut les défendre, il faut agir, il faut se battre.
J'insiste sur les langues de Bretagne. Le gallo est, hélas, de moins en moins parlé, alors que c'est une formidable langue de convivialité, que j'ai eu la chance d'apprendre et de pratiquer à l'occasion de rencontres. Quant au breton, c'est une très belle langue qui se parle dans cette région depuis pratiquement quinze siècles, qui a une grammaire, une syntaxe, un vocabulaire, des subtilités, des poètes… C'est tout cela qu'il nous faut conserver.
Dans la mesure où la transmission familiale est difficile, la question de l'enseignement est centrale. Quelle est l'attitude de l'État ? Le passé, marqué par la tradition jacobine, est lourd : rappelons-nous le funeste abbé Grégoire qui voulait éradiquer nos langues, symboles, pour lui, de la réaction. Tous les moyens ont été utilisés : il y a eu des violences à l'égard des enfants et des familles.