Ces amendements dus à Raphaël Gérard, membre de la délégation aux outre-mer, proposent deux solutions alternatives à un même problème : celui du manque de formation des enseignants concernant les spécificités linguistiques des territoires ultramarins.
À la différence de celles de l'Hexagone, la plupart des langues locales parlées dans les départements, régions et collectivités d'outre-mer demeurent des langues vernaculaires, très utilisées comme moyen de communication quotidien, en particulier au sein des familles. Aussi, la scolarisation en français, qui n'est souvent qu'une langue seconde, nécessite pour les élèves ultramarins un effort supplémentaire, lequel entraîne des difficultés plus grandes dans l'apprentissage de la lecture et un taux d'illettrisme quatre à quatorze fois supérieur à la moyenne nationale.
La loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République contient plusieurs dispositions visant à adapter les politiques éducatives à ces enjeux. L'article L. 321-4 du code de l'éducation prévoit ainsi que « des approches pédagogiques spécifiques sont prévues dans l'enseignement de l'expression orale ou écrite et de la lecture au profit des élèves issus de milieux principalement créolophone ou amérindien », et l'article L. 312-11 que les enseignants des premier et second degrés « sont autorisés à recourir aux langues régionales » dès lors qu'ils en tirent profit pour leur enseignement.
Dans la réalité, l'application de ces dispositions se heurte aujourd'hui au déficit de formation des enseignants des premier et second degrés, s'agissant aussi bien des pédagogies adoptées que de la connaissance des cultures et des langues ultramarines.
Pour relever ce défi, l'amendement no 55 propose d'améliorer la formation des enseignants originaires de l'Hexagone en élargissant l'objectif de formation mentionné à la dernière phrase de l'alinéa 9 de l'article L. 721-2 du code de l'éducation, afin d'encourager les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation, les INSPE, à proposer des modules de formation initiale préparant les futurs enseignants à exercer outre-mer. L'enseignant ne serait pas tenu d'apprendre le créole, le shimaoré ou l'aluku, mais il serait préparé à reconnaître celles des erreurs de ses élèves qui proviennent de la transposition linguistique.
Pour sa part, l'amendement no 54 vise à s'appuyer sur le recrutement local et sur la montée en compétences des contractuels, comme le préconisent Maud Petit et Bruno Studer dans leur rapport sur la rentrée scolaire en Guyane, présenté la semaine dernière en commission des affaires culturelles. Dans ce but, il propose une expérimentation consistant à faire accompagner dans leur langue, par des intervenants en langue maternelle, les élèves qui apprennent à lire, afin de leur faciliter l'apprentissage du français.