Les Français doivent savoir. Ils doivent découvrir par eux-mêmes, dans chaque usine, dans chaque atelier, dans chaque bureau, dans chaque hôpital, dans chaque école, ce qu'il y a dans votre texte, dont les députés communistes du groupe GDR et d'autres, comme mes camarades insoumis, demandent le retrait.
À rebours du progrès de civilisation, de la chance que représente l'allongement de la durée de la vie, il faut que les Français découvrent par eux-mêmes qu'avec ce texte, ils devront travailler plus longtemps, jusqu'à 65 ans, puis, pour la génération de 1990, jusqu'à 66 ans et demi. De fait, en partant à 62 ans, les futurs retraités subiraient sur leur pension des décotes de l'ordre de 15 %. Quant aux avocats ou aux kinésithérapeutes, ils perdraient la gestion de leur caisse autonome et subiraient une forte hausse de leurs cotisations. C'est de cela qu'il faut discuter avec les Français.
Oui, il faut débattre de la part que notre pays veut consacrer aux retraites. C'est le fond du problème : cette part, qui représentait 6 % du PIB en 1950, a toujours été augmentée, pour tenir compte de l'allongement de la durée de vie. Elle est aujourd'hui de 14 %, et nous produisons quatre fois plus de richesses.
Nous considérons que cette part doit continuer de progresser, alors que votre projet de loi vise à la diminuer pour la porter à 12,8 %, en contradiction complète avec l'évolution naturelle de la démographie – puisque, et c'est tant mieux, le nombre de personnes de plus de 65 ans augmente.
Ainsi le montant des pensions, leur évolution ou l'âge de départ à la retraite seront-ils, dans votre projet, les seules variables d'ajustement.
Et que dire de la pénibilité ? Désireux de faire des économies sur notre système de retraite, refusant de taxer le capital et n'écoutant que le MEDEF, vous refusez de la prendre en compte. Ainsi, de nombreux travailleurs – couvreurs, égoutiers, bûcherons, caissières, agriculteurs, infirmières, conducteurs de métro, de train ou de bus – ne sont pas pris en considération par votre projet de loi.
Quant aux femmes, avec cette réforme, elles seront de nouveau victimes, laissées au bord du chemin. Vous oubliez celles qui subissent, entre autres, le temps partiel et vivent avec 800 ou 900 euros de salaire net mensuel. Un véritable projet de société sous-tend votre réforme, qui n'a rien à voir avec ce qui fait la force et l'originalité de la nation française.
De tout cela, mes chers collègues, il faut pouvoir discuter sincèrement, les yeux dans les yeux, avec nos concitoyens, favorables à 67 % à l'organisation d'un référendum.
Il faut – y compris pour vous, qui prétendez démontrer les bienfaits de la réforme et en montrer les avantages – engager le débat à travers tout le pays.