Monsieur Serville, il n'y avait pas de cynisme ni d'ironie de ma part. Vous attaquez le Gouvernement, ce qui est assez logique puisque vous êtes dans l'opposition. Permettez-moi de répondre à votre interrogation du reste tout à fait légitime avec la même ambition que vous : convaincre ceux qui nous écouteraient. Nul doute qu'en intervenant sur votre territoire vous faites de la politique. Permettez-moi donc d'en faire aussi. Sinon, le signal ne serait pas bon du côté du Gouvernement.
Il se trouve que j'ai rencontré les agents des douanes de votre territoire et que je vais y retourner avant la fin de l'année. J'espère que vous pourrez m'accompagner, ce qui nous donnera l'occasion d'avoir cet échange.
Vous proposez que nous nous retrouvions sur mon temps libre. Je suis tout à fait prêt à vous rencontrer entre une heure et cinq heures du matin. (Sourires.) Et si c'est sur un temps ministériel, ce sera un horaire plus raisonnable… Mais ne vous inquiétez pas : grâce à un excellent directeur des douanes, qui va d'ailleurs partir à la retraite à la fin de l'année, et qui m'a fait part de quelques difficultés pratiques qu'il convient d'améliorer, je connais le sujet. Je peux même vous dire qu'il y a deux chiens en Guyane, dont un qui va partir pour La Rochelle à la fin de la semaine avec sa sympathique maître-chien. Quand je parle, monsieur le député, ce n'est pas dans le vide, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas des choses à faire dans tous les territoires de la République, et notamment en Guyane.
Madame Obono, contrairement à moi, vous voyez toute entreprise comme un fraudeur. Si vous pensez que, par nature, elles peuvent frauder, et que l'on doit mettre des agents publics devant chaque entreprise pour les contrôler, on aura du mal à dégager des moyens qui correspondent aux missions de la DGFiP. Vous faites la démonstration assez étonnante que ces entreprises auraient les moyens de ne pas payer leurs impôts, tandis que la DGFiP n'aurait pas assez de moyens pour les contrôler, et qu'elles joueraient un peu au gendarme et au voleur. Nous avons une différence politique très forte, puisque votre question était bien politique.
Je n'insisterai pas sur le fait que vous avez confondu 2017 et 2018. Vous ne pouvez pas tenir de tels propos, puisque nous sommes le premier gouvernement à proposer dans le projet de budget 3 % de gels de crédits. Par définition, les annulations se font sur un budget sincère, puisque nous partons du principe – et ce sera le cas pour la première fois – qu'il n'y aura que 3 % de gels de crédits.
Vous ne pouvez pas faire semblant de croire que les annulations de crédits sont faites pour cacher les insincérités de nos prédécesseurs révélées par la Cour des comptes. Si nous devons annuler des crédits par un décret d'avance, ce qui nous permet d'accorder des crédits à l'agriculture, à l'hébergement d'urgence, à l'armée, etc. c'est effectivement à cause d'une insincérité budgétaire. Pour votre part, vous mettez tout dans un seau, vous touillez, et à la fin vous pensez avoir fait une démonstration politique et budgétaire. Ce n'est pas le cas. Je regrette que nous ne puissions pas discuter sur les chiffres qui nous intéressent, c'est-à-dire ceux de l'année 2018, et sur la sincérité du budget que nous proposons. Tous ceux qui sont censés nous observer, la Cour des comptes, le Haut Comité des finances publiques, la commission des finances de l'Assemblée nationale et celle du Sénat – dont les deux présidents, qui, je le rappelle, ne sont pas de notre famille politique, considèrent que ce budget est sincère. Le rapporteur général du Sénat a même souligné que c'était le budget le plus sincère qu'il ait vu depuis qu'il occupe cette fonction. Je ne voudrais pas le compromettre en le citant devant vous, mais je le prends comme un compliment. Et comme le ministre de l'action et des comptes publics en reçoit peu en général, il goûte ceux qu'on lui fait.
Monsieur Lurton, vous n'étiez pas encore arrivé – mais je ne vous en fais pas grief – lorsque j'ai répondu à deux de vos collègues qui m'interrogeaient sur la question des marins-pêcheurs. Je peux vous associer à la proposition de rendez-vous que je leur ai faite. Comme vous avez siégé tous les jours et toutes les nuits, vous savez qu'un amendement a été adopté par votre assemblée lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) sur l'assiette du calcul des retraites des marins-pêcheurs, qui consacre la prise en compte d'un revenu forfaitaire et non du revenu réel, dispositif qui serait plus favorable aux marins-pêcheurs que vous défendez. Je vous propose donc de vous associer à ce rendez-vous, qui aura lieu dans quatre ou cinq jours avec mon cabinet, pour régler à la fois les problèmes administratifs et les problèmes d'équité, concernant des gens qui ont beaucoup travaillé et qui ont droit à la solidarité nationale. Leurs pensions ont souvent été liquidées à un âge très précoce en raison d'une inaptitude à la navigation, et je sais que ce sujet est particulièrement important dans votre circonscription.
Monsieur Vigier, je partage vos propos. Comme vous, j'ai le souci que les agents de catégorie C soient mieux payés, mais il n'est pas juste de dire qu'il n'y a pas eu d'efforts réalisés. Je pourrai vous faire parvenir le document que j'ai sous les yeux, que j'ai d'ailleurs communiqué aux organisations syndicales, et qui montre que ce sont ceux qui ont connu la plus forte augmentation depuis 2015, du fait de certaines dispositions qui ont été prises. Il faut sans doute se pencher sur cette question, métier par métier, Avec le ministre de l'éducation nationale, M. Blanquer, nous travaillons actuellement sur la question des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM), et nous allons aussi réfléchir avec la ministre des solidarités et de la santé, Mme Buzyn, sur celle des infirmières. Il faut savoir qu'il y a des professions qui ne correspondent pas tout à fait à l'idée que l'on se fait des catégories C, B et A. Par exemple, les professeurs, qui sont des agents de catégorie A, sont assez différents des agents de catégorie A des collectivités locales ou de l'État hors éducation nationale.