Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mercredi 19 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

L'article 1er fixe des grands principes, et s'il en est bien un que vous suivez, c'est celui de la règle d'or, celui de l'austérité budgétaire, principe à partir duquel est pensé l'ensemble de votre projet de retraite par points.

Cet article aligne des poncifs dans une forme de novlangue consistant à désigner les choses par le nom de leur contraire.

Vous affirmez d'abord que votre système est universel. Pourtant, hier soir, M. Turquois, le rapporteur, nous disait lui-même qu'il n'était « pas parfaitement universel ». Il ne peut effectivement pas l'être puisque l'âge d'équilibre sera différent selon les générations, et puisque vous avez vous-même institué des régimes spécifiques.

Vous parlez ensuite d'équité, renonçant ainsi à l'égalité. La nuance n'est pas mince, car elle suppose que la pension sera proportionnelle au travail fourni, ce qui ne correspond pas à un principe d'égalité véritable.

Quant à la solidarité que vous mettez en avant, elle est totalement mise à mal par le projet de loi, en particulier par votre promesse d'un minimum contributif à 1 000 euros déjà prévu par la loi Fillon, et par celle d'une égalité entre les hommes et les femmes qui est un véritable trompe-l'oeil, car ces dernières seront les premières perdantes d'une réforme qui touche d'abord celles et ceux qui ont eu des bas salaires et des carrières hachées.

Vous mettez en avant l'objectif d'un « niveau de vie satisfaisant ». Évidemment, il n'en sera rien. Le taux de remplacement pour les fonctionnaires, par exemple, chutera en moyenne de 32 %.

Vous osez aussi nous parler de liberté de choix – mais quel choix auront demain les retraités lorsqu'ils devront soit travailler plus longtemps, c'est-à-dire perdre en qualité de vie, soit se résigner à une pension de misère ? Voilà votre conception de la liberté ; c'est en réalité une liberté contrainte par le libéralisme économique.

Enfin, l'objectif de soutenabilité économique relève vraiment du blabla, car nous savons tous que le texte ne comporte aucun cadrage financier. Ce qui concerne la revalorisation des rémunérations des personnels enseignants est probablement contraire à la Constitution, comme l'a dit le Conseil d'État. Selon Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, cette revalorisation s'élèverait à 90 euros mensuels, ce qui ne comble même pas les effets du gel du point d'indice.

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